Une reprise du dialogue politique entre indépendantistes et non indépendantistes espérée au mois de septembre. Une première étape vers ce retour à la discussion a été franchie hier, par les quatre parlementaires Calédoniens Emmanuel Tjibaou, Nicolas Metzdorf, Georges Naturel et Robert Xowie, reçus par Emmanuel Macron à l’Élysée.
À lire aussi : Emmanuel Macron espère une reprise des discussions politiques en septembre
"Nous accueillons favorablement cette proposition de discussions"
Une initiative saluée localement par Virginie Ruffenach, vice-présidente du Rassemblement. “Sur l’annonce des discussions, nous considérons que le seul moyen de sortir la Nouvelle-Calédonie de ce contexte très difficile, c’est une solution politique. Nous avons toujours été autour de la table. Et nous accueillons favorablement cette proposition de discussion, qui, en septembre nous permet d’avoir, en amont, un rétablissement complet de l’ordre public et de la liberté de circulation”.
Autre sujet évoqué : le report des élections provinciales, souhaité par l’Elysée. Elles devaient se tenir au plus tard, au 15 décembre prochain.
“Nous ne voyons pas comment, dans ce contexte Calédonien nous pouvions tenir décemment des élections provinciales”, poursuit Virginie Ruffenach. “Nous avons porté un recours sur les élections législatives, considérant que les conditions de démocratie pour ce vote n’avaient pas été réunies. Nous avions demandé à ce que les élections ne se tiennent pas dans ce contexte. La priorité est au retour à l’ordre public mais aussi à rétablir une situation sociale économique meilleure, donc c’est pour nous, une bonne chose”.
"Pour une fois, ils ont pris la bonne décision de travailler en commun"
De son côté, le président de l’Union calédonienne Daniel Goa salue également l’initiative des parlementaires. “Pour une fois, ils ont pris la bonne décision de travailler en commun. Le pays a besoin de représentants à l’extérieur, et particulièrement là où le pays doit être présent : c’est-à-dire en France. Donc ça, c’est une bonne chose”, révèle le président de l’UC.
Il assure en revanche que ce n’est pas le calendrier qui importe, mais les réformes qui doivent être engagées. “Pour le report des élections provinciales, personnellement ça ne me gêne pas. Pour moi, ce n’est pas l’important. Ce n’est pas en bougeant les élections, qu’on va faire évoluer le pays”, assure Daniel Goa.
Et d’ajouter, “aujourd’hui, on voit bien l’expression de la population qui nous interpelle, pour nous dire qu’il y a autre chose de plus important que le rythme institutionnel. L’Accord de Nouméa, c’est une page blanche qu’on a ouverte qui reste toujours vierge, malgré les vingt ans qu’on vient de passer. Il faut remplir cette page. Quand on parle d’avenir, on parle d’institution. Mais ce ne sont pas les institutions qui font l’avenir d’un pays. C’est sa gestion”.
"Aucun document officiel n'a été envoyé de sa part"
Du côté du Palika, contacté, Judickaël Selefen son porte-parole a souhaité s’exprimer en son nom. Il considère que ces annonces restent celles des parlementaires, mais pas du président de la République lui-même. “Aucun document officiel n’a été envoyé de sa part” [concernant le report des élections provinciales] et dans ce cas, à moins d’une modification, la loi reste inchangée selon le porte-parole du Palika.
"C'est une bonne nouvelle que les parlementaires se réunissent"
Une réunion entre les parlementaires calédoniens et le président de la République saluée également par le président de l'Eveil Océanien, Milakulo Tukumuli. “C’est une bonne nouvelle que l’ensemble des parlementaires calédoniens se réunissent pour aller voir ensemble le président de la République. C’est une très bonne chose".
Concernant le report des élections provinciales, "ce n’est pas une surprise, compte tenu de la situation insurrectionnelle que traverse notre pays", assure le président de l'Eveil Océanien. "Les élections seront remises à l’année prochaine, dans l’attente de la formation d’un gouvernement et les calédoniens seront invités à Paris. Ce sont deux bonnes nouvelles très importantes, qui nous permettent de donner un cap”.
"Le président de la République continue à s'occuper du dossier Calédonien"
Une “bonne nouvelle” aussi pour la cheffe de file des Loyalistes, Sonia Backès. “Une bonne nouvelle, d’abord, que le président de la République continue à s’occuper du dossier Calédonien, on en a besoin. Ensuite, que les discussions reprennent, on attend tous ça. On a besoin de se retrouver, pour trouver un accord de paix. Et puis les conditions ne sont pas réunies pour organiser les élections à la fin de l’année. Le corps électoral actuel est illégal et les conditions de sécurité ne sont pas réunies”.
"La date des élections provinciales, c'est le cadet des soucis des calédoniens"
La date de report des élections provinciales n'est pas la priorité des calédoniens, selon Philippe Dunoyer, membre de Calédonie Ensemble. “La date des élections provinciales, c’est le cadet des soucis des calédoniens. Ce qu’ils veulent, c’est le rétablissement de la sécurité partout. Ensuite, ce qu’ils attendent de nous, c’est un plan pour éviter que le pays ne s’écroule. Et puis ce qu’ils veulent, c’est un accord politique global qui permette le retour de la stabilité et la paix. Une fois qu’on aura rempli ces trois conditions, on pourra se poser la question de la date des élections provinciales. Les reporter, c’est de bon sens”.
“On doit aller discuter avec un président qui n’a pas de majorité parlementaire”
Un retour au dialogue bienvenu selon Laurie Humuni, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien (RDO). “C’est toujours positif de retourner vers le dialogue. Mais ce qui est compliqué, c’est que l’on doit aller discuter aujourd’hui avec un président qui n’a pas de majorité parlementaire, qui est illégitime au niveau du pays. Aujourd’hui, on se doit d’aller discuter pour parler de l’avenir de notre pays, mais ce qui est dommageable, c’est qu’il n’y ait pas encore de gouvernement et donc pas d’interlocuteur fiable”.
Concernant le report des élections provinciales, “c’est une décision du président. Lors du troisième référendum, on nous avait annoncé qu’il fallait absolument le tenir. Aujourd’hui, on se rend compte que l’Etat a la possibilité de déplacer n’importe quelle élection ou référendum”, assure Laurie Humuni.
"C'est ce que les calédoniens attendent, que les parlementaires proposent une méthode de travail"
Un engagement des parlementaires attendu selon Nina Julié, porte-parole de Générations NC. "C’est une bonne chose, d’abord, que le président de la République reçoive les parlementaires. Qu’il s’investisse sur le dossier. Et puis, qu’il fasse cette proposition [de report des élections provinciales]. On peut également noter et c’est ce que les calédoniens attendent, que les parlementaires proposent une méthode de travail et appellent à la reprise du dialogue”.
Le reportage d'Yvan Avril et Caroline Antic-Martin :