Jean-Christophe Taumotekava: au bout du tunnel, le plaisir...

Jean-Christophe Taumotekava (à gauche) lors d'une compétition à Frontignan
Après trois ans et demi gâchés par les blessures, Jean-Christophe Taumotekava a retrouvé lechemin de la compétition début mars. A la clé: une victoire avec son nouveau club d'Alès. Le karatéka calédonien vise désormais les championnats de France. Interview par Martin Charmasson.
Vous avez remporté au début du mois la compétition par équipe de la Ligue du Languedoc-Roussillon. Une récompense qui a mis fin à une longue période de galères. Comment l'avez-vous vécu ?
 
Jean-Christophe Taumotekava : « J'ai subi une rupture des ligaments croisés en 2011 lors de l'Open d'Allemagne. Je l'ai mal vécu mais j'ai eu le courage de retrouver mon meilleur niveau. Le suivi médical a été bien fait. Malheureusement, du fait de mon statut de n°1 français dans ma catégorie, j'avais une certaine pression du staff de l'équipe de France. Ils me voulaient pour les championnats d'Europe et les championnats du Monde 2012 à Paris. La rééducation s'est bien passée, sauf qu'au bout de six mois j'étais déjà sur les tapis pour les championnats de France. J'ai eu encore une douleur au genou qui a prolongé mon arrêt et ma rééducation. Ce n'est pas évident, surtout lorsque l'on est à son meilleur niveau. »
 
D'autant que les blessures se sont accumulées par la suite...
 
JCT : « Oui notamment une opération de la cheville, et un arrêt à cause d'un blocage du dos. A chaque fois, je me blessais à l'entraînement. Il y a eu pas mal de blessures derrière, mais j'ai gardé le sourire et fait avec ».
 
Vous voilà donc de retour. Et cela commence plutôt bien avec cette victoire en kumité dans une compétition régionale ! 
 
JCT: « Cela s'est bien passé, je suis content. J'ai la chance de retrouver mes coéquipiers de l'équipe de France. Ils sont licenciés à Alès, à une heure de Montpellier où j'habite. Je me suis inscrit là-bas pour décrocher une médaille par équipe, en club. J'étais auparavant licencié en Nouvelle-Calédonie - d'ailleurs je salue tout le monde - et maintenant je fais le choix d'Alès pour finir sur une bonne note, et combattre par équipe aux championnats de France».
 
Avez-vous retrouvé de bonnes sensations ?
 
JCT: « Oui, j'avais quand même demandé au coach de ne pas m'attribuer une place stratégique. Il faut le dire, je manquais d'entraînement comparé à mes coéquipiers et mes adversaires. J'ai du choisir une stratégie de combat pour gagner. Les sensations étaient là. Il y a des petits réflexes qui sont restés. Et puis mes points forts sont revenus d'un coup : mes jambes. Je n'ai fait que ça, et j'ai gagné mes combats largement. J'en ai remporté deux sur le même score : 10-0. Je n'ai pas encaissé de points sur la compétition. C'était l'un de mes objectifs malgré mon manque d'entraînement. C'est une petite satisfaction et ajoutée au fait que je n'ai mis que des techniques de jambes, cela s'est super bien passé ».

Jean-Christophe Taumotekava

 

L'objectif désormais, ce sont les championnats de France. Ils sont programmés à Lyon le week-end du 2 et 3 mai 2015. Quelles sont vos ambitions?
 
JCT:« Déjà, avant même de penser aux championnats de France, l'idée sera de s'entraîner un peu plus. Il faut aussi travailler sur la cohésion d'équipe, c'est important. Quand elle est là, on se sent pousser des ailes. Il faut déjà que je revienne plus fréquemment aux entraînements pour prétendre à être bon le jour J. Après, la compétition en elle-même, j'en ai déjà fait. Je sais comment ça se passe. Ce n'est pas ça qui me préoccupe. Il reste deux mois et je vais me préparer comme il se doit ».
 
Après ces longues périodes de blessures, est-ce que vous parvenez à imaginer la suite de votre carrière, au-delà de ces championnats de France ? Quel est votre état d'esprit ?
 
JCT:« Ce qui est sûr, c'est qu'il y a l'âge à prendre en considération. Je suis encore jeune, j'ai 28 ans, mais je n'ai plus la même fougue qu'à l'époque, quand je suis arrivé à 19 ans. L'approche, les combats, la stratégie sont différents. Il y a encore un peu de fougue, mais désormais c'est le plaisir qui prédomine. C'est cela qui peut faire la différence aujourd'hui. Plus que de me dire « j'ai une sélection à jouer, le staff m'observe, je dois être bon etc ». Cet enjeu n'est plus là et il reste du plaisir. Pour finir en beauté, je vais combattre avec mes coéquipiers que j'ai côtoyés en équipe de France. Ce sera un petit plus pour nous. Eux sont champions du monde et champions d'Europe. Ca va motiver le reste de l'équipe, ca va me motiver. Et puis les championnats de France, on verra bien dans deux mois ce que cela donnera. »
 
Ce pourrait être vos derniers championnats de France?
 
JCT:« Oh, c'est fort probable oui (rires). C'est fort probable. Déjà, je n'étais pas sûr de participer au tournoi de la ligue du Languedoc .
 
Pour vous, la liste de participations à l'épreuve est longue. Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
 
JCT: « Mes premiers championnats ? On était minimes. On était venu à deux de Nouméa. J'avais fait 3e en moins de 65 kilos. Aujourd'hui, je ne fais plus moins de 65 kilos (rires), ça c'est sur ! Les premiers souvenirs en minimes, comme ceux en juniors ou en seniors quand j'ai gagné, sont tous de bons moments. Les meilleurs souvenirs, ce sont les stages en équipe de France, les déplacements et les victoires. Allez, il y en a peut-être un de marquant : mon premier titre de champion de France en juniors en moins de 75 kilos. Celui-là, je ne l'oublierais pas. J'avais bien combattu et c'était assez sympa. C'était à la salle Coubertin à Paris. En finale, j'affronte un camarade du pôle France. Je pense aussi à mon titre de champion de France cadet et là j'étais venu avec la Nouvelle-Calédonie. Malheureusement, il n'y avait eu qu'une médaille à la Halle Carpentier. J'avais décroché le titre de champion avec Grégory Panné qui a suivi tout mon parcours. »
 
Vous parlez du conseiller technique régional Grégory Panné. Il a supervisé un Open de karaté qui s'est déroulé le week-end dernier en Nouvelle-Calédonie pour préparer les Jeux du Pacifique. Est-ce que vous avez un message pour vos camarades calédoniens ?  
 
JCT:« Je leur dirai, comme d'habitude, de toujours s'entraîner, de toujours y croire. C'est ce que je leur dis quand ils viennent me voir ici à Montpellier. Et surtout, surtout, d'écouter « Greg ». Moi je l'ai beaucoup écouté, même si mon père me suivait. Sur la fin, avant que je ne parte en métropole, je me préparais avec lui pour les championnats d'Europe. Ses conseils ont été bons (NDLR : Jean-Christophe a terminé 3e des championnats d'Europe en individuel, et 3e en équipe). C'est avec lui que je suis devenu champion de France cadets. Si Greg a des petits trucs à dire, il faut l'écouter et continuer à s'entraîner. »

Jean-Christophe Taumotekava lors des championnats d'Europe de 2011