Cette journée mondiale du droit à l’avortement est en réalité une journée nationale en France dont le but est de faciliter l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, aussi appelée IVG. Cette journée permet de communiquer davantage sur cet acte parfois mal connu et pouvant être associé à de fausses informations.
À lire aussi : Sexualité des jeunes : à qui parler ?
La loi encadrant la dépénalisation de l'avortement en France a été promulgué en 1975. Un projet de loi porté par la ministre de la Santé de l’époque Simone Veil avec l'objectif de lutter contre les recours aux faiseuses d’anges et aux départs à l’étranger pour avorter.
Pour rappel, la loi Veil autorisait initialement l’IVG jusqu’à la douzième semaine de grossesse. Et pour les mineurs une autorisation parentale était obligatoire. Un loi modifiée en juillet 2001, prolongeant le délai d’interruption de grossesse à la quatorzième semaine d’aménorrhée et n’imposant plus d’autorisation parentale pour les mineurs.
Comment se faire accompagner à Saint Pierre et Miquelon ?
En France métropolitaine et dans certains DROM, il existe le planning familial. Un centre qui a pour mission d'informer sans tabou sur les techniques contraceptives et les infections sexuellement transmissibles. Le planning familial offre gratuitement aux mineurs l’accès à la pilule et aux préservatifs et il accompagne les femmes et adolescentes souhaitant pratiquer une IVG.
Mais quel est le parcours de soins à Saint-Pierre et Miquelon ? Pour répondre à cette question, nous avons contacté Anouk Cador, sage-femme au centre hospitalier François Dunan.
La 1ère : Quel parcours doit suivre une femme qui souhaite interrompre sa grossesse et à qui doit-elle s’adresser ?
Anouk Cador : À Saint-Pierre et Miquelon, lorsqu’une femme découvre sa grossesse et qu’elle souhaite l’interrompre, elle doit appeler le numéro de téléphone du secrétariat de gynécologie au 41 14 88 (numéro unique à appeler aux heures ouvrables). La secrétaire est tenue par le secret professionnel et vous pourrez lui confier sans crainte le motif de votre appel. Elle vous donnera un rendez-vous avec le gynécologue-obstétricien ou avec une sage-femme échographiste.
Un premier rendez-vous d’échographie est donné au plus tard pour le lendemain pour une échographie de datation-localisation de la grossesse. Elle sera faite par le gynécologue ou par une sage-femme échographiste. En fonction de la datation de grossesse, et du choix de la patiente, en découlera la prise en charge médicamenteuse ou chirurgicale de l’IVG.
Avant neuf semaines, une IVG par méthode médicamenteuse est possible. Au-delà de neuf semaines et jusqu’à 14 semaines (seuil légal d’IVG en France), l’IVG sera réalisée par méthode chirurgicale. Le gynécologue obstétricien ou une sage-femme réalise, après l’échographie, une consultation d’information à l’IVG, si cette consultation n’a pas été faite en amont par un médecin traitant.
Selon le souhait de la patiente, un rendez-vous est donné dans un délai de 24 à 48 heures auprès du gynécologue pour les IVG chirurgicales ou médicamenteuses ou d’une sage-femme pour les IVG médicamenteuses seulement.
Ce deuxième rendez-vous est une consultation de recueil de consentement pour la méthode d’IVG choisie. Un entretien psycho-social est obligatoire pour les mineures, avec une sage-femme, une assistante sociale ou une psychologue. Il n’est pas obligatoire pour les patientes majeures.
Dans un troisième temps se déroule la réalisation de l’IVG. Et dans un quatriième temps, un rendez-vous de contrôle échographique à 14-21 jours de l’IVG médicamenteuse pour s’assurer que la grossesse est complétement évacuée, et revoir la contraception avec la patiente. A noter que ce contrôle échographique n’est pas nécessaire après une IVG chirurgicale.
Y a-t-il des étapes supplémentaires pour les femmes de Miquelon ?
AC : Il n’y a aucune étape supplémentaire. Elles sont amenées à suivre le même parcours que les patientes de Saint-Pierre. Seule contrainte non négligeable : se déplacer à Saint-Pierre pour leurs rendez-vous inhérent à la prise en charge de l’IVG, qui doit se faire à proximité du CHFD pour des raisons de sécurité.
Quelles sont les méthodes d'interruption volontaire de grossesse ?
AC : En France, le délai légal pour avorter dépend de la méthode choisie. L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à la fin de la neuvième semaine d’aménorrhée (SA). Avant sept semaines, la prise du médicament peut se faire à la maison, à condition que la patiente ne soit pas seule à domicile.
Entre sept et neuf semaines, une hospitalisation est programmée au CHFD sur une demi-journée pour surveillance des saignements. L’IVG instrumentale (par dilatation du col et aspiration du contenu de l'utérus) peut être réalisée jusqu’à 14 semaines d’aménorrhées.
Comment se passe une IVG pour les mineurs ?
AC : Selon la loi, tout centre ou praticien habilité à pratiquer les IVG doit recevoir les patientes mineures comme les adultes. Les demandes d’IVG concernant les patientes mineures ne sont recevables qu’à la condition qu’un adulte majeur accompagnant signe la demande d’IVG pour prendre la responsabilité de cette demande. Sous-entendu, pas de recueil obligatoire d’un des parents.
Les étapes du parcours du patient sont identiques à celles d’une patiente adulte venant pour le même motif. Si elle le souhaite, la jeune fille peut garder le secret de son IVG vis-à-vis de sa famille. Elle doit alors obligatoirement se faire accompagner par une personne majeure de son choix. Dans ce cas, l’IVG, et les frais afférents sont alors pris en charge à 100 % sans avance de frais. Aucune demande de paiement ne lui est ainsi adressée.
Est-ce qu’à Saint-Pierre et Miquelon, l’IVG est réalisée de manière anonyme ?
AC : Sur demande de la patiente, l’IVG se réalise de manière anonyme. C’est-à dire qu’en cas d’hospitalisation, cette dernière peut se faire sous X, tout comme la réalisation de certains bilans sanguins analysés au laboratoire.
Depuis le 1er avril 2016, l'IVG et tous les actes médicaux associés sont remboursés à 100 % par l’Assurance-maladie.
En 2019, 232 200 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées en France dont 14 300 concernant des résidentes des départements et régions d’outre-mer, selon les sources médico-administratives.
Le ministère de la Santé a mis en place un numéro vert national ( 0 800 08 11 11 ) afin d’informer de manière anonyme sur l’IVG, l’appel de ce numéro ne laissant pas de traces sur les factures téléphoniques.