L'art de fabriquer l'huile de carapate en Martinique

Le carapatier est un arbre sauvage qui pousse un peu partout le long des routes et dans les campagnes. Originaires d’Afrique, ces fruits rouges ou blancs sont toxiques. Mais Lucien a appris de sa grand-mère comment tirer de ces graines, une huile aux multiples vertus. Pour cela, il faut en récolter beaucoup.

Une fois qu’on a récolté les grappes de graines, on va les mettre dans un sac pour sécher. Une fois que c’est bien sec, avec la chaleur, les coques vont exploser et les petites graines vont sortir toutes seules.

Lucien Louri, Vice-président de Valcaco

Autrefois, les enfants étaient mis à contribution, car la fabrication de l’huile de carapate est fastidieuse. Les graines sont longuement chauffées avant d’être passées au moulin. Lucien reproduit alors la recette de ses aïeux avec des ingrédients surprenants : un morceau de morue séchée, de la cendre et une herbe appelée "Pied poule".

Les ingrédients seront mis à infuser sur le feu deux jours durant. Si le public est attentif à tous ces détails, c’est que le produit fini, presque introuvable sur nos marchés à de nombreux usages cosmétiques et médicinaux.

Dans une cuillère à café, je mets un peu d’huile que je réchauffe avec un briquet et que je masse en circulaires sur mon ventre. Ça me soulage.

Utilisatrice

Au fil de la cuisson, l’huile monte à la surface. Il faut une lente évaporation avant de filtrer, enfin, l’huile de carapate qui se vendra 120 € le litre.

Même depuis l'Heaxagone, beaucoup de personnes m’appellent pour avoir une quantité d’huile, parce que depuis quelque temps, les cheveux naturels sont revenus à la mode. L’huile de carapate fait beaucoup de bien. Croyez-moi que si j’avais de grands fûts d’huile, je pense que je ferais fortune.

Lucien Louri

Mais Lucien Louri, passeur de mémoire, se moque bien de faire de l’argent, pourvu que demeure ce savoir ancestral.