L'enseignement professionnel est-il menacé?

La Vice-rectrice de Wallis et Futuna, Annick Baillou a mis en avant des raisons de sécurité pour suspendre les cours pratiques des enseignements professionnels du lycée de Mata Utu et du collège de Lano Alofivai. Parents et enseignants s'inquiètent d'une éventuelle fermeture du lycée professionnel.
Le 8 mars, les cours pratiques des enseignements professionnels ont été suspendus au lycée de Mata Utu et au collège de Lano Alofivai de Wallis. La décision a été prise par la Vice-rectrice de Wallis et Futuna, Annick Baillou, pour des raisons de sécurité.

Les équipements destinés aux enseignements professionnels ont été vérifiés par le cabinet de contrôle SOCOTEC, en fin d'année 2015.
Le verdict de l'expert venu de Nouméa est sans appel.
Selon les deux rapports de SOCOTEC, "toutes les machines controlées au lycée et au collège ainsi que le réseau d'alimentation en gaz du restaurant pédagogique présentent des non conformités, sources potentielles de dangerosité et de risque de blessures tant pour les élèves que pour les enseignants".

Suite à ces rapports, les deux chefs d'établissement ont écrit à la Vice-rectrice pour demander la marche à suivre, notamment en matière de responsabilité en cas d'accident sur les machines.
En réponse, Annick Baillou a suspendu les enseignements pratiques "dans l'attente de l'acquisition et/ou la mise aux normes des machines et outils pour les plateaux techniques", précisant  "qu'elle se devait de prendre des précautions car ...certaines machines sont à réformer. Elles ne peuvent plus être utilisées, elles présentent des dangers".
Les cours théoriques, en revanche, ont été maintenus.


La fin des filières professionnelles?


Parents et enseignants s'affirment surpris que la suspension intervienne maintenant alors qu'ils dénoncent cette situation depuis au moins 2011.
Le délégué du syndicat du second degré, SNES-FSU, Alain Derupti affirme ainsi: "ce qui suscite notre étonnement c'est le caractère tardif de cette décision. Cela fait longtemps qu'on aurait dû prendre la décision de réparer ou remplacer tout ce qui devrait l'être. Cela fait longtemps qu'on aurait dû garantir la sécurité des élèves et des personnels".

Le syndicaliste est rejoint par le vice-président de l'association des parents d'élèves du lycée, Louis Logote qui déplore que "les parents n'aient pas été invités pour constater ce qui ne va pas. On ne veut pas, nous parents, que nos enfants travaillent dans l'insécurité". Et un ancien président de l'association qui estime avoir donner l'alerte dans les années 2000, Paino Uatini, s'énerve: "pour moi c'est une honte" puis il s'interroge: "est-ce qu'on nous a pris au serieux?".

A ces critiques, la Vice-rectrice retorque: "cela fait des années qu'on en parle, nous, nous allons faire!". Annick Baillou reconnait cependant que la remise à niveau des équipements prendra "au moins deux ans".

Ce délai inquiète parents et salariés de l'Education qui craignent la fermeture du lycée professionnel de Wallis et Futuna dont nombre de filières ont déjà été délocalisées en Nouvelle-Calédonie ou en métropole.
Alain Derupti met en garde: "le SNES s'opposera à toute dérive qui conduirait à force d'actions différées et de promesses oubliées à précipiter la fin des enseignements professionnels".
Annick Baillou se veut rassurante: "si on fait des investissements, ce n'est pas pour fermer les enseignements professionnels".

Seule l'arrivée de nouveaux équipements sera à même de conforter la communauté éducative.