L'hydroxychloroquine contre le Covid-19 responsable "d'au moins 17 000 morts", selon une nouvelle étude scientifique

Hydroxychloroquine
Une nouvelle étude publiée dans la revue scientique "Biomedecine & Pharmacotherapy", estime à 16 990 le nombre de décès liés à l'hydrydroxychloroquine, lors de la première vague de l'épidémie de coronavirus en 2020, dans six pays dont la France.

Une étude, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue scientifique "Biomedecine & Pharmacotherapy" recense 16 990 décès dans les hôpitaux, induits par l'hydrydroxychloroquine.

Une "estimation basse" car elle ne prend pas en compte les décès à la maison, ni en EHPAD. "Elle ne tient pas compte [non plus] du Brésil ou de l'Inde, qui ont suivi cette recommandation issue de l'IHU [de Marseille ndlr], en disant qu'ils avaient un remède miracle", explique Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux, à nos confrères de France Info.

Lors de la première vague de Covid-19, l'hydrydroxychloroquine fut une piste de traitement promue par l'ancien directeur de l'IHU de Marseille Didier Raoult et prescrite hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). La molécule est initialement utilisée pour le traitement contre le paludisme. En l'absence de résultats probants, voire face au risque de décès liés à cette molécule, les prescriptions avaient diminué.

En 2021, une étude menée par des chercheurs californiens et publiée dans la revue Nature, avait déjà relevé une augmentation de 11% des décès associé à l’utilisation de l’hydroxychloroquine.

Effets secondaires mortels

En s'appuyant sur ces chiffres, une équipe de chercheurs des Hospices civils de Lyon vient donc d'estimer le nombre de décès liés à cette molécule, dans six pays (États-Unis, France, Belgique, Italie, Espagne et Turquie) sur une période de cinq mois, bien que les prescriptions aient été mondiales et renouvelées à chaque vague. « La toxicité de l’hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid-19 est en partie due à des effets secondaires cardiaques, notamment des troubles de la conduction (tachycardie ou fibrillation ventriculaire et allongement de l’intervalle QT) », précise l’étude. « La prise d’hydroxychloroquine pour traiter la Covid-19 peut augmenter le risque d’arythmie cardiaque, de troubles sanguins et lymphatiques, de lésions rénales, ainsi que de troubles et d’insuffisance hépatiques », complète l’Organisation mondiale de la santé.

Des traitements "essayés" dans l'urgence

« Ces résultats illustrent le danger de la réutilisation des médicaments avec des preuves de faible niveau pour la gestion des futures pandémies », conclut l’étude.

"Notre volonté était de faire un retour d'expérience pour nous éclairer en cas de nouvelle pandémie"' répond Jean-Christophe Lega, l'un des auteurs de cette étude, à nos confrères de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. "Ce qui a été proposé dans l'urgence, ce sont des molécules dont on ne connaissait ni l'efficacité, ni la potentielle toxicité" déplore le scientifique. "On a voulu montrer que quand on fait ça à grande échelle, sur plusieurs pays, le résultat c'est des milliers de morts".

Plus d'une vingtaine de molécules ont été "essayées" par les médecins du monde entier, pendant la première vague de Covid-19 : l'hydroxychloroquine, mais aussi les corticoïdes, ou encore les immunosuppresseurs.