La pauvreté, le fléau de la Caraïbe

La pauvrété, un fléau de la Caraïbe
Près d’un tiers de la population de la Caraïbe vit en dessous du seuil de la pauvreté. La pandémie, la flambée des prix et des salaires de misère ont basculé les foyers les plus vulnérables dans la précarité. Un programme pour améliorer la production régulière des statistiques aidera les pays à formuler des actions pour aider les plus démunis.

Les dernières études réalisées par les Nations-Unies confirment que les enfants, les adolescents et les femmes sont les personnes les plus fragiles dans la région.

À cause des salaires inadéquats, les revenus générés par des emplois fixes sont insuffisants pour subvenir aux besoins des familles.

50% des salariés de la Caraïbe doivent aussi travailler dans le secteur informel pour pouvoir arrondir les fins du mois.

Les répercussions de la pandémie se font encore ressentir, ainsi que l’augmentation importante des prix depuis 2022.

Les salaires minimums insuffisants

À la Jamaïque, le coût de la vie a doublé. La plupart des produits alimentaires sont importés. Un caddy moyen de courses s'élève à 200 euros par semaine alors que le SMIC versé à 70% de la population, est de 80 euros par semaine.

La Barbade, où le SMIC est de 157 euros par semaine, est l’un des pays le plus cher de la Caraïbe.

Selon les derniers chiffres publiés, qui remontent à 2016, plus de 17% de la population vivait déjà en dessous du seuil de pauvreté, bien avant la pandémie.

Le SMIC à Trinidad-et-Tobago est de 3 euros par heure. En 2014, date de la dernière étude, 24,5% de la population vivait dans la pauvreté. Depuis 10 ans, on attend une mise à jour des statistiques.

Les pays sans SMIC

À Saint-Vincent et les Grenadines, Sainte-Lucie et la Dominique, le SMIC n’existe pas. La pauvreté toucherait plus de 25% des habitants de ces îles.

Une étude réalisée en 2016 à Sainte Lucie par des consultants de Trinidad-et-Tobago, révélait que les personnes les plus vulnérables dans la société n’avaient pas les moyens d’aller chez le médecin, car elles devaient faire un choix entre les soins médicaux et la nourriture.

Il n’y a pas d’égalité de paie dans cette île. Par conséquent, les enfants issus de foyers monoparentaux sont systématiquement touchés par la pauvreté.

À Sainte-Lucie, il n’y a pas SMIC. En 2009, le gouvernement a conseillé aux employeurs de payer un salaire minimal de 253 euros par mois. Depuis, ce chiffre n’a pas changé.

En 2023, Virginia Albert-Poyotte, la ministre du travail a admis que les Saint-Luciens n’avaient pas besoin d’un SMIC mais d’un salaire décent qui permettrait à la classe ouvrière à vivre dignement.

Malgré cette déclaration, les salaires n’ont pas changé.

Les employés de l’hôtellerie, des grandes surfaces et d’autres secteurs de l’économie ont tous informé le gouvernement que les salaires versés sont inadéquats et ne couvrent pas les besoins des foyers.

Pas de statistiques

Dans la Caraïbe, les statistiques ne sont pas mises à jour régulièrement. Afin de mieux évaluer les conditions sociales dans les pays de la région et aider les gouvernements à formuler des initiatives, le Programme d’évaluation de la pauvreté des pays (eCPA) sera bientôt opérationnel dans les îles où les statistiques sont quasi inexistantes.

« COVID-19 a attiré notre attention sur la fossé des inégalités persistantes. On sait que beaucoup de nos enfants ont été touchés et que la perte de leur scolarité aura un effet à long terme sur notre développement économique et social.

Didacus Jules, directeur-général de l’Organisation des Etats de la Caraïbe de l’Est (OECS)

Parfois, les chiffres deviennent un enjeu politique. En 2020, à Saint-Vincent et les Grenadines, juste avant les élections législatives, un membre de l’opposition a annoncé que 36% de la population vivait sous le seuil de pauvreté.

Ce chiffre était impossible à vérifier car le ministre des finances, Camillo Gonsalves, a refusé de publier les résultats d’un rapport réalisé en 2018 selon lequel la pauvreté toucherait déjà 30% de la population.

Ce dernier a déclaré que le rapport de 2018 était fallacieux.