Le "faga"remis au goût du jour.

La pose du piège à poisson a pris toute l'après-midi
Dans le cadre de la semaine européenne du patrimoine, un groupe de femmes de Wallis, accompagné du service de l'action culturelle, s’est affairé en mer pour poser un piège à poisson. Cette pêche locale s’appelle le « FAGA ».
Peu importe la technique de pêche, sortir en mer à Wallis et Futuna a toujours été une affaire de groupe. Il aura fallu mobiliser plus d’une trentaine de personnes pour mettre en place le faga, un piège à poisson, fait de 500 feuilles de cocotiers ,lestés par de gros cailloux tout le long du rivage: 300 m au total, avec 7 ouvertures gardées par les pêcheurs pendant la marée descendante.
Les pêcheurs se protègent du soleil avec le "lega" la crèmesolaire locale.

Le procédé est simple : Quand le poisson aura fini sa petite balade sur la côte,  il voudra rejoindre les profondeurs, mais le piège sera posé entre temps. Le poisson devra longer la barrière,  trouver une quelconque ouverture pour s’en sortir. Le pêcheur n’a plus qu’à le cueillir avec sa nasse.
Les dames attendent patiemment la marée basse.

Pendant la pose, les mamans se racontent les histoires d’avant, lorsqu’elles ont participé, chacune de leur côté, aux « faga » de leur village. Keti, originaire de Vailala a même vu une grosse tortue et des carangues  se faire piégées par ces simples feuilles de cocotiers.
Mais la pêche d’aujourd’hui ne sera pas bonne. 4 poissons, voilà le maigre butin.
« La marée a été mauvaise », « le faga a été mal posé », « le protocole coutumier n’a pas été respecté ». Beaucoup de raisons ont été avancées par les pêcheurs, mais Uluimonua Sosefo Siselo, chef coutumier du Nord, parle d’un appauvrissement du lagon. Pour ce père de famille, « la surexploitation et les mauvaises actions comme la pêche à la dynamite ou par empoisonnement sont les vraies causes ».
 
Au-delà de la mise à jour des anciennes pratiques comme le « faga », les journées européennes du Patrimoine auront permis aux wallisiens de se poser les questions qui touchent directement leur environnement.
Un lagon qui s'appauvrit de jour en jour.
En 1972, dans les rapports envoyés à la CPS (Commission du Pacifique Sud) le service territorial de la pêche faisait déjà état d'un "dépeuplement réel du lagon".
Dans les années 90, Une grande opération de pose de DCP (Dispositif de Concentration de Pissons) est lancée pour inciter les pêcheurs locaux à pêcher en haute mer afin de laisser le temps au lagon de se régénerer. 
Au début des années 2000, le service de l'Environnement présente un projet de PGEM (Plan de Gestion de l'Environnement Marin) et proposé de mettre en pace des réserves surtout dans les zones de ponte. Mais les autorités n'ont pas soutenu l'idée.