Des familles qui se lavent à la rivière avec des enfants qui jouent dans ces cours d’eau. Des scènes récurrentes qu’on a l'habitude de voir aux abords des quartiers précaires. Notamment à Mtsapéré où les eaux grisâtres des rivières du village ont donné la typhoïde à 20 personnes cette année.
Pas étonnant lorsqu’on sait que certaines familles utilisent même cette eau pour préparer à manger...C’est ce que souligne l’étude de Santé Publique France. Typhoïde, hépatite A ou diphtérie, ces maladies rares en France sont devenues monnaie courante sur l’île. Des affections liées à de mauvaises conditions d’hygiène et d’accès à l’eau.
70 fois plus de typhoïde à Mayotte que dans l’hexagone
Et les chiffres sont révélateurs. Entre janvier 2022 et août 2024, 186 cas de typhoïde ont été signalés à Mayotte. Alors que dans toute la France hexagonale, on ne compte qu’une centaine de cas recensés chaque année.
Ces données pointent du doigt des carences dans l’action publique. Car au-delà des lacunes dans l’accès à l’eau, La vaccination des enfants pose aussi problème. De nombreux enfants ne sont pas vaccinés. Pour la diphtérie, l’âge moyen des cas était de 12,2 ans. Avec un décès d’un bébé en 2024. Faute de surveillance beaucoup d’entre eux jouent dans des zones contaminées, d’où l'augmentation des cas. Ce professionnel de la santé explique :
« Ce sont des enfants dont les mères ont peur de la police aux frontières. Et souvent les forces de l’ordre sont à côté des PMI. Ou alors leurs mères n’ont pas les moyens de se déplacer. Dans certains bidonvilles éloignés, la seule préoccupation c’est qu’est-ce qu’on va manger aujourd’hui ? Les pères ne se préoccupent pas des enfants. »
Un professionnel de santé
L'autre cause qui explique la propagation de ces maladies relève de pratiques locales. Comme le fait de consommer du poisson ou des légumes contaminés. Des aliments vendus à même le sol sur le bord des routes alors que le territoire connaît un déficit en réseaux de collecte des eaux usées.
Un territoire vulnérable à toutes les épidémies de la région
Mayotte est entourée de pays connaissant les mêmes difficultés. Ce qui multiplie les possibilités d’importation de certaines pathologies sur l’île. Les anciens comme les nouveaux virus arrivent le plus souvent par kwassa-kwassa. Améliorer la qualité de l’eau et mettre un terme aux tours d’eau reste donc la première mesure contre ces maladies.