Le président de l’association des anciens combattants appelle les jeunes à se souvenir des morts de 14-18

Ce mercredi 11 novembre, l'archipel s’est souvenu de ses soldats morts lors de la Première Guerre mondiale. Pour le président de l’association des anciens combattants Gérald Dodeman, ces commémorations permettent de rappeler que de nombreux habitants de l’archipel ont donné leurs vies sur le front.
SPM la 1ère : Quelle est l’histoire de l’association des anciens combattants ?

Gérald Dodeman : Notre association a été créée en 1922. Elle a connu son apogée après la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 300 membres. Aujourd’hui, nous ne somme plus que 13 personnes. Deux de nos membres sont des anciens de la Seconde Guerre mondiale. Cinq autres sont des anciens combattants issus des opérations extérieures. Nos porte-drapeaux, quant à eux, ne sont pas des anciens combattants. Pour ma part, je me suis engagé très jeune dans l’armée, avant d’y faire carrière. Je suis revenu sur mon île en 2010 et je suis devenu président de l’association des anciens combattants en 2015.

Nous sommes peu nombreux, mais nous avons la chance d’avoir à nos cotés l’association des engagés volontaires de la France Libre. Nous mutualisons nos moyens lors des évènements. Le rôle d’une association patriotique est de témoigner de notre histoire, de rappeler l’importance des sacrifices concédés. C’est ce que l’on appelle le devoir de mémoire. Nous sommes habitués à vivre dans le confort de la paix, alors nous en venons à oublier que des hommes et des femmes ont donné leur vie pour cette liberté. 
 
SPM la 1ère : En quoi la cérémonie du 11 novembre est-elle importante ?

G. D : À l’époque de la Première Guerre mondiale, il y avait trois communes : Saint-Pierre, Miquelon et l’île aux Marins. C’est pourquoi l’archipel compte trois monuments aux morts. Plus de 600 personnes ont été mobilisées et envoyées en métropole, parmi lesquelles 102 ont perdu la vie au front. Saint-Pierre a payé un lourd tribu. Beaucoup de familles ont été endeuillées pendant la guerre. Tous les noms de ceux qui sont tombés en 14-18 sont visibles le long du chemin de croix.

Au sein de l’association, nous ne sommes pas des "va-t-en guerre". Bien au contraire. Nous sommes là pour dire "plus jamais". Il faut avoir conscience que la paix n’est pas acquise. La période que nous vivons me rappelle celle des années 30, juste avant la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de pays sont en train de s’armer. Les militaires reviennent dans les rues pour défendre la population. C’est très inquiétant. Plus que jamais, nous devons nous souvenir du prix de la paix.

SPM la 1ère : Quel est le rapport des nouvelles générations avec cette partie de l’Histoire ?

G. D : Les jeunes qui se rapprochent de l’association sont très rares. Sûrement à cause du mot "ancien". On nous prend pour des petits vieux qui sortent aérer leurs drapeaux une fois de temps en temps. Nous faisons notre possible pour expliquer et transmettre, mais les parents, l’éducation nationale et les élus devraient effectuer ce même travail. Pour cela, j’aime beaucoup la devise du Québec : "Je me souviens".

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À la maison des anciens combattants, il y a un mur de photos. Ce sont les jeunes gens de notre archipel qui ont trouvé la mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Le plus jeune avait 17 ans. J’aimerais que nos jeunes viennent les voir, regardent leurs visages, leurs sourires, leur noms. Des noms bien saint-pierrais et miquelonnais. Ces jeunes se sont engagés pour un idéal : combattre le nazisme et retrouver la liberté. J’aimerais que les jeunes viennent les regarder dans les yeux et leur disent "non, vous n’êtes pas morts pour rien".

De temps en temps, des classes viennent sur la place du général de Gaulle chanter la Marseillaise avec nous. Que ce soit pour le 14 juillet, le 8 mai ou le 11 novembre. C’est toujours un très beau moment. À cause de la Covid-19, toutes nos rencontres avec les élèves sont annulées. Mais nous espérons pouvoir à nouveau recevoir des classes très bientôt.