Plusieurs laboratoires d’analyses médicales de Guadeloupe sont en grève, à compter de ce vendredi 20 septembre 2024 et jusqu’à lundi inclus. Leurs gérants sont solidaires du mouvement national lancé par sept syndicats de biologistes. La profession dénonce une nouvelle baisse de près de 10% des tarifs des actes de biologie fixés par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM). Pour elle, cette troisième baisse imposée, en deux ans, est celle de trop.
Les laboratoires avaient déjà perdu 11% de leurs revenus, ces deux dernières années.
La survie des services des laboratoires en jeu ?
Les professionnels mobilisés déplorent qu’on ne leur donne plus les moyens d’accueillir leurs patients sur l’entièreté de l’année.
Si la décision de l’assurance maladie est appliquée, sans retour en arrière, à compter du 10 décembre, l’enveloppe de biologie médicale serait consommée et nous ne serions plus en mesure d’accueillir nos patients. Tout ce qui serait fait après le 10 décembre, la profession devra le rembourser à l’assurance maladie (...). Nous ne pouvons pas travailler gratuitement entre le 10 décembre et le 1er janvier !
Guy-Joseph Théodore, PDG de la filiale Inovie Biopôle Antilles
Après la crise Covid, les laboratoires ont accepté de déployer des efforts d’adaptation ; ils ont notamment réduit leurs tranches horaires d’ouverture et la plupart sont désormais fermés l’après-midi.
Si les mesures envisagées sont maintenues, les enseignes seront contraintes de réfléchir à des fermetures complémentaires, selon Guy-Joseph Théodore ; cela, au détriment des patients.
Des patients lésés
Ces baisses tarifaires ne sont pas sans conséquences ; il y a moins de laboratoires de proximité, la plupart sont fermées le samedi et des examens pourraient ne plus être assurés localement.
Demain, si nous ne sommes plus en mesure de maintenir ce maillage, si nous ne sommes plus en mesure de laisser nos laboratoires ouverts suffisamment longtemps, des retards de prise en charge seront constatés et, malheureusement, encore une fois, c’est le patient qui paiera. Pour des examens qui demandent des technologies particulières, si nous n’avons pas les moyens de les faire, forcément, cela pénalisera le patient.
Guy-Joseph Théodore, PDG de la filiale Inovie Biopôle Antilles
Les biologistes estiment que les priorités devraient être de garantir la pérennité de la qualité des soins, de garantir un accès aux soins de proximité pour tous.
Un exemple criant : la Guadeloupe est un territoire où la prévalence du diabète est très importante. Assurer l’équilibre glycémique des patients nécessite le suivi d’un paramètre important : l'hémoglobine glyquée.
Sur ce paramètre, nous avons subi une baisse de 40%. Vous imaginez bien que, quand on met en place des systèmes analytiques performants, pour avoir des résultats performants et une prise en charge performante, si vous réduisez des actes aussi importants que ceux-là, de manière aussi drastique, de toute évidence, à moyen terme, le risque est sur la qualité du suivi des patients.
Guy-Joseph Théodore, PDG de la filiale Inovie Biopôle Antilles
Malgré cette grève dans les laboratoires privés, les patients ayant des bilans urgents à réaliser pourront se rapprocher de leur prestataire de proximité.