Dans une chronique publiée sur le site Montray Kréyol, le romancier martiniquais Raphaël Confiant juge qu’en Martinique, la question du mariage homosexuel peut paraître secondaire « voire dérisoire ».
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Et tout d’abord, remarque Confiant, les maires martiniquais, donc français, seront obligés d’appliquer la loi, si elle déclare que le mariage entre deux personnes du même sexe est légal.
« Pour ma part », poursuit-il, « je suis entièrement favorable à cette évolution dans la mesure où elle vise à faciliter la vie de centaines de Martiniquais et de Martiniquaises contraints de se cacher, de dissimuler leur orientation sexuelle et donc de vivre une vie entière de souffrance. D’ailleurs, faut-il rappeler que notre bonne vieille société créole a toujours été plus tolérante envers ce qu’elle appelle les « makoumè » et les « zanmi » (lesbiennes) que son alter ego européen ? »
« Le mariage homosexuel est une évolution positive vers plus de tolérance envers ceux qui divergent de l’orientation sexuelle majoritaire à savoir les hétérosexuels. Une société se juge au sort qu’elle réserve à ses minorités qu’elles soient sexuelles, raciales, religieuses ou autres », précise le romancier.
Et de démonter l’affirmation que la cellule familiale traditionnelle père-mère-enfant soit indispensable au bon équilibre de ce dernier. « Oublie-t-on que depuis toujours en Martinique, il y a une bonne moitié, sinon davantage, d’enfants qui sont élevés sans père dans des familles dites monoparentales, enfants qui n’ont jamais connu la fameuse « figure du père » chère à la psychanalyse ? Sont-ils tous devenus pour autant des aliénés mentaux, des névrosés ou des voyous ? Quand on voit le nombre d’enfants sans père qui sont devenus avocats, médecins, pharmaciens ou politiciens, on peut en douter. »
« D’ailleurs », souligne malicieusement Confiant, « beaucoup de pourfendeurs de l’homosexualité sont des géniteurs d’enfants sans père, d’ « enfants-dehors » comme on dit en créole, et cela ne les a jamais empêchés de dormir sur leurs deux oreilles. »
Raphaël Confiant est favorable à une véritable étude – historique, sociologique, anthropologique, psychologique - de l’image de l’homosexualité au sein de la culture créole, qui ne serait pas calquée sur des modèles occidentaux. Une réflexion endogène d’où il faudrait tirer des conclusions adaptées au contexte socioculturel local.
« On le voit donc des deux côtés de la barrière - anti-homosexuels et pro-homosexuels - il y a un problème. Ce dernier est le symptôme de notre impuissance à nous regarder et à nous accepter tels que nous sommes », conclut Confiant. « Notre impuissance à faire peuple. Et cela parce que nous refusons d’assumer notre histoire ainsi que la langue et la culture qui en sont issues. Car enfin de quel Dieu parlent nos pourfendeurs du mariage « gay » ? Du Dieu chrétien que l’on a imposé à coups de fouet à nos ancêtres africains, indiens, chinois et autres ? (…) La question de l’homosexualité en Martinique ne saurait faire l’impasse sur une étude approfondie de ce phénomène au sein de notre histoire tri-séculaire et de notre culture. La défense de la minorité homosexuelle ne peut être efficace qu’en inventant des modes d’intervention qui nous sont propres, pas en « copiant-collant » l’Autre. Toute autre voie est vouée à l’échec. »
La chronique intégrale de Raphaël Confiant sur le site Montray Kréyol.
« Pour ma part », poursuit-il, « je suis entièrement favorable à cette évolution dans la mesure où elle vise à faciliter la vie de centaines de Martiniquais et de Martiniquaises contraints de se cacher, de dissimuler leur orientation sexuelle et donc de vivre une vie entière de souffrance. D’ailleurs, faut-il rappeler que notre bonne vieille société créole a toujours été plus tolérante envers ce qu’elle appelle les « makoumè » et les « zanmi » (lesbiennes) que son alter ego européen ? »
« Le mariage homosexuel est une évolution positive vers plus de tolérance envers ceux qui divergent de l’orientation sexuelle majoritaire à savoir les hétérosexuels. Une société se juge au sort qu’elle réserve à ses minorités qu’elles soient sexuelles, raciales, religieuses ou autres », précise le romancier.
Et de démonter l’affirmation que la cellule familiale traditionnelle père-mère-enfant soit indispensable au bon équilibre de ce dernier. « Oublie-t-on que depuis toujours en Martinique, il y a une bonne moitié, sinon davantage, d’enfants qui sont élevés sans père dans des familles dites monoparentales, enfants qui n’ont jamais connu la fameuse « figure du père » chère à la psychanalyse ? Sont-ils tous devenus pour autant des aliénés mentaux, des névrosés ou des voyous ? Quand on voit le nombre d’enfants sans père qui sont devenus avocats, médecins, pharmaciens ou politiciens, on peut en douter. »
« D’ailleurs », souligne malicieusement Confiant, « beaucoup de pourfendeurs de l’homosexualité sont des géniteurs d’enfants sans père, d’ « enfants-dehors » comme on dit en créole, et cela ne les a jamais empêchés de dormir sur leurs deux oreilles. »
Raphaël Confiant est favorable à une véritable étude – historique, sociologique, anthropologique, psychologique - de l’image de l’homosexualité au sein de la culture créole, qui ne serait pas calquée sur des modèles occidentaux. Une réflexion endogène d’où il faudrait tirer des conclusions adaptées au contexte socioculturel local.
« On le voit donc des deux côtés de la barrière - anti-homosexuels et pro-homosexuels - il y a un problème. Ce dernier est le symptôme de notre impuissance à nous regarder et à nous accepter tels que nous sommes », conclut Confiant. « Notre impuissance à faire peuple. Et cela parce que nous refusons d’assumer notre histoire ainsi que la langue et la culture qui en sont issues. Car enfin de quel Dieu parlent nos pourfendeurs du mariage « gay » ? Du Dieu chrétien que l’on a imposé à coups de fouet à nos ancêtres africains, indiens, chinois et autres ? (…) La question de l’homosexualité en Martinique ne saurait faire l’impasse sur une étude approfondie de ce phénomène au sein de notre histoire tri-séculaire et de notre culture. La défense de la minorité homosexuelle ne peut être efficace qu’en inventant des modes d’intervention qui nous sont propres, pas en « copiant-collant » l’Autre. Toute autre voie est vouée à l’échec. »
La chronique intégrale de Raphaël Confiant sur le site Montray Kréyol.