Des universitaires martiniquais assignent Médiapart pour diffamation

Le siège de l'université à Schoelcher (Martinique)
La direction du CEREGMIA assigne pour diffamation le journal Médiapart devant le tribunal de Fort-de-France ce lundi 5 Janvier 2015 au palais de justice de Fort de France.
La direction du CEREGMIA (Centre d'Études et de Recherche en Économie, Gestion et Informatique Appliquée) assigne pour diffamation le journal Médiapart devant le tribunal ce lundi 5 Janvier 2015 à 8h30 au palais de Justice de Fort de France.
 
"Je vous invite à venir nombreux à cette audience qui sera, j'en suis certain, très instructive à plus d'un titre", annonce Fred Célimène, directeur du Ceregmia dans un courrier électronique à l'attention de ses amis.
 
"Université Antilles-Guyane: les fonds européens ont été siphonnés à grande échelle"


 

Le 19 mai 2014, Médiapart donne une résonance nationale à une affaire révélée par la presse martiniquaise quelques semaines auparavant, sous un titre sans équivoque : "Université Antilles-Guyane: les fonds européens ont été siphonnés à grande échelle". 

Un rapport d'information du Sénat consacré à l'avenir de l'établissement depuis la partition du pôle guyanais l'an dernier, publié mi-avril, est accablant pour la gestion de l'université des Antilles-Guyane. Au vu des mécanismes qu'il décrit, il "estime urgent de sanctionner les responsables" et s'interroge sans détour sur les raisons de l'inertie des pouvoirs publics dans ce dossier.

Un très sévère rapport de la Cour des comptes de janvier 2013, non public mais qui a beaucoup circulé  avait également révélé les graves dysfonctionnements au sein de ce laboratoire de l'université où des millions d'euros de subventions ont disparu pratiquement sans laisser de traces.

Climat Délétère

Fred Célimène, le directeur du laboratoire incriminé, estime qu'il est dans cette affaire victime de "maneouvres de déstabilisation menées par la présidence" qui tente de faire diversion à la crise que traverse l'université : séparation du pôle guyanais, revendication d'indépendance du pôle guadeloupéen (avril 2014).

Pour lui, il ne s'agit que de simples contre-feux allumés par l'actuelle équipe de direction pour faire oublier qu'elle n'a pas pu empêcher le démantèlement d'une université qu'il a "construite depuis trente ans". Ce lundi matin le journal Médiapart sera défendu par Me Emmanuel Tordjman, avocat au barreau de Paris. En face, Fred Célimène et ses collaborateurs sont assistés par Me Philippe Edmond-Mariette, le ténor du barreau de Fort de France.