À 56 ans, Marie-Bernard décroche son bac !

Marie-Bernard (dans son jardin) bachelière à 56 ans
Malgré son âge et sa maladie, Marie-Bernard Roisier, originaire du Vert-Pré, a décroché, ce mois-ci à Metz (Moselle) son baccalauréat professionnel, option gestion-administration avec la mention Bien. Retour sur son parcours pas comme les autres.
Elle était loin d’imaginer que son histoire ferait le bonheur de la presse. Journaux, télévisions, radios, Marie-Bernard Roisier commence à avoir l’habitude des interviews à force de revenir sur son parcours. Dans les prochaines semaines, elle doit même enregistrer l’émission "Toute une histoire", diffusée sur France 2. 
 
Son histoire, c’est celle d’une grand-mère de 56 ans, qui décide de retourner sur le banc de l’école après des années passées dans la vie active. Et le premier chapitre de cette histoire se clôture bien. Marie-Bernard Roisier vient d’obtenir son baccalauréat professionnel, spécialité gestion-administration, avec la mention Bien. Elle a quitté la Martinique il y a deux ans, direction Metz, en Lorraine, pour préparer sa reconversion dans une école réservée aux travailleurs handicapés. Au cours de ces 27 mois de travail, elle a dû suivre une remise à niveau avant de se plonger dans les matières traditionnelles du bac : l’anglais, les maths, l’histoire-géographie, le droit, entre autres.
 

Les hauts et les bas d’une étudiante de 56 ans

Si l’expérience se termine bien, elle n’a pas été de tout repos. "J’ai passé des moments difficiles", raconte Marie-Bernard Roisier. "Je venais de loin. J’étais logée dans l’école. Je n’avais pas d’amis. À Metz, je n’avais pas de famille. J’étais vraiment toute seule dans une chambre d’étudiante de 9 m2 ". On croirait entendre une étudiante de 20 ans qui vient de débarquer dans l’Hexagone. "J’ai eu des moments de découragements : il faisait froid, j’étais couverte des pieds à la tête. Il fallait quand même y aller quand il neigeait. Et puis j’ai une maladie, je suis asthmatique sévère. J’ai un traitement et tous les deux mois, j’étais hospitalisée".

Parmi les choses difficiles, l’apprentissage de l’allemand, sa deuxième langue vivante au bac. "J’ai eu énormément de mal. Le jour de l’épreuve, j’ai fait du par coeur", se rappelle la nouvelle diplômée. Impossible, dit-elle, de choisir l’espagnol car l’allemand était la seule option disponible. "Il a fallu puiser jusqu’au plus profond de soi. Je dirais que la foi m’a beaucoup aidée".

La délivrance est arrivée le mardi 7 juin 2015, lors de la publication des résultats. Comment a-t-elle vécue ce moment ? 
Écoutez la réponse de Marie-Bernard Roisier :

Fièrté de Marie-Bernard

Et maintenant ?

Ces notes témoignent de son acharnement : 19 en arts plastiques, 17,5 en droit, 16,5 en histoire-géographie, 9,5 en allemand. Marie-Bernard Roisier obtient même une mention Bien. "Je suis très fière", se réjouit celle qui a terminé l’école à 18 ans avec un BEP-CAP comptable mécanographe. À l’époque, elle trouve du travail dans un tout autre domaine. Pendant 21 ans, elle est restée dans la même entreprise, d’abord en tant que responsable logistique d’un dépôt. "J’ai du gérer une équipe", précise-t-elle. Par la suite, au déclenchement de sa maladie, elle change de poste. Mais son état de santé empire à tel point qu’elle obtient le statut de travailleur handicapée. Sans emploi, elle souhaite se reconvertir et obtient l’aide de la Maison Départementale des Personnes Handicapées de la Martinique (MDPH). Cette reconversion est nécessaire pour retrouver du travail, car c’est bien cela l’objectif. Qu’en est-il de l’avenir ? Pour l’heure, elle s’est réinscrite au Pôle Emploi. Elle recherche dans le secrétariat. "Avec mon bac en poche, je me sens plus forte, mieux armée. J’ai plus confiance en moi. Je sais ce que je vaux".

Regardez le reportage de Catherine Gonier-Cléon et Aurélie Treuil :