Le parcours du combattant des organisateurs de soirée

Mercury Beach à Sainte-Anne 6 juillet 2013.
Les dernières soirées avant la rentrée battent leur plein ce week-end. Pendant toutes ces vacances, les clubs et les hôtels auront accueilli de nombreux artistes. Mais ces festivités cachent une autre réalité, moins réjouissante.
La musique bat son plein à l’hôtel du Bakoua aux Trois-Ilets. La commune accueille pratiquement tous les concerts lives de Martinique. Les organisateurs concentrent leurs soirées dans des lieux touristiques. Des salles ferment un peu partout sur l’île, suite aux plaintes déposées pour nuisances sonores. Le 22 mai dernier, Maryse célèbre chez elle l’abolition de l’esclavage avec trois cents personnes. "J'ai été convoquée par la Gendarmerie de Sainte-Luce", raconte-t-elle. "J'ai appris que le Maire avait porté plainte contre moi pour bruit."

Michael Léton, un organisateur de soirées, a récemment fait le buzz sur la toile pour dénoncer la situation actuelle. "C’est usant de voir arriver les gendarmes tout le temps qui vous font la morale", explique-t-il. "Même quand la musique n’est pas forte, même quand les normes sont respectées".

Mardi (25 août), il réunissait artistes et professionnels du secteur. Dans la salle, il y avait environ quatre cents personnes mais peu d’artistes. Ils étaient, ce soir-là, à peine plus nombreux que les politiques.

Trouver un compromis

Mercury Beach, Martizik, Music in da street. Ces trois évènements festifs ont attiré des centaines voire des milliers de personnes. Mais aujourd’hui, ils ont tous disparu du programme des festivités martiniquaises.

Face à la menace pour la culture et l’emploi, des voix s’élèvent pour tenter de trouver des solutions. L’organisateur des soirées au Bakoua, Sylvio Gibon, réclame plus de concertation. "Il y a des riverains qui ont besoin de dormir. Il faut essayer de faire avec eux, de mettre les uns et les autres autour d’une table pour trouver le meilleur compromis".

Alors maire de Sainte-Anne, Garcin Malsa a accueilli plusieurs évènements d'envergure. Mais à l'époque, il a imposé ses conditions. "Si on dit non brutalement, les gens viennent de manière dispersée, sans contrôle", analyse l'ancien élu. "Si on dit oui, on discute, on amende le projet. On fait quelque chose ensemble". 

Dans un système qui repose sur la confiance avec les élus, les professionnels de la nuit offrent-ils des garanties suffisantes ? Aujourd’hui, combien d’organisateurs de spectacle sont en règle ? Les structures sont-elles toujours adaptées ? À ce jour, il n’existe aucune corporation officielle des professionnels du secteur.

À (re)voir, le reportage de Sangha Fagour, Eddy Bellerose, Marc-François Calmo :