Marie-Paule Ferdinand raconte.
Une fois que le prélèvement est terminé, ils rentrent chez eux avec un masque chirurgical et on leur communique le résultat dans la journée. Si c’est positif, on fait le suivi en les appelant tous les jours. Si la situation se dégrade, on les hospitalise.
Marie-Paule Ferdinand est en première ligne mais elle ne se plaint pas. D’abord parce qu’elle est "contente" de remplir sa mission "avec passion" et surtout "sans peur". Ensuite parce que le service HDJ Covid dispose du matériel nécessaire pour faire le travail en toute "sécurité". Si les charlottes, masques FFP2, surblouses, tabliers, lunettes et gants n’ont jamais manqué dans ce service, ce n’est pas le cas aux autres étages de l’hôpital Pierre-Zobda Quittman à Fort-de-France. D’où la "colère" de Marie-Paule Ferdinand contre le gouvernement, coupable, à ses yeux, d’avoir dépecé les hôpitaux et sacrifié des personnels soignants en les envoyant à la guerre sans les armes qu’il faut.
Marie-Paule Ferdinand regrette également la façon dont son service a été perçu au sein même du CHU.
Marie-Paule Ferdinand se sent blessée par ces comportements, mais il en faudrait plus pour éteindre une passion qui vient de loin. À Fort-de-France, où elle est née et a grandi dans une famille de 4 enfants, elle veut, très tôt, s’occuper des autres. Elle se souvientAu début de la maladie, on nous considérait comme des pestiférés. Quand les informaticiens venaient par exemple configurer nos logiciels, ils refusaient de rentrer, tant que nous étions à l’intérieur, comme si le virus allait leur sauter dessus. Les livreurs de repas de l’hôpital déposaient nos collations devant la porte, pour ne pas nous croiser. Aujourd’hui, on ressent une légère amélioration, parce qu’il y a plus d’informations sur le Covid-19.
Après son baccalauréat, Marie-Paule Ferdinand intègre l’école d’infirmières de Fort-de-France. Trois ans plus tard, son diplôme en poche, elle s'installe en exercice libéral. Elle va de maison en appartement, de patient en patiente. C’est son rêve qui se réalise. Elle raconte.À l’âge de 7 ans, je jouais déjà au docteur avec mes frères, mes sœurs et les enfants des voisins. Je les auscultais dans le jardin. J’utilisais des bûchettes de bois en guise de seringues pour faire les piqûres. Si je trouvais que l’un d’eux était malade, on l’enfermait dans le placard.
J’ai exercé pendant 23 ans en libéral, avant de céder ma patientèle, pour pouvoir accompagner mon mari, tombé malade, pour ses soins. C’est à ce moment-là que je suis entrée au service des maladies infectieuses du CHU.
En 2009, lorsque le virus H1N1 réapparaît sous une forme génétique inédite et se répand dans le monde entier, Marie-Paule Ferdinand est candidate pour tester le vaccin. C’est la seule paramédicale à se porter volontaire, aux côtés d’une dizaine de médecins du service de virologie de l’hôpital Pierre-Zobda Quittman.
Aujourd’hui, en tant qu’infirmière responsable HDJ Covid, Marie-Paule Ferdinand continue de mouiller sa blouse. À ses collègues qui lui conseillaient de ne pas accepter le poste, au risque d’y perdre la vie, elle assure ne rien regretter et apprécier cette nouvelle expérience. Au vingt-neuvième jour de confinement, l’hôpital de jour Covid joue, en tout cas, un rôle capital dans la lutte contre la pandémie. Pour Marie-Paule Ferdinand, la mobilisation actuelle est un prélude à la suivante, celle qui devra aboutir à la mise en place d’un système de santé performant en Martinique.
En attendant, le meilleur moyen d’aider les soignants, comme elle, à sauver des vies, c’est d’appliquer la formule : "Rété a kay zot".