Qui n'a pas chanté "An ti kanno", "Alé mayé bouwo", "Abraham soulajé mwen", "Kanigwé", "Marie-Jeanne", "Guin guin mwen bien konten", "Pani passée len main o swé ya"... autant d'airs et compositions de Ti-Emile chantés et appréciés du public.
Une enfance dans les plantations
Ti Émile de son vrai nom Casérus Emile, est né dans le quartier Bezaudin à Sainte-Marie. Très tôt, il a baigné dans le monde du bèlè, de la kalenda, du danmyé.
À l’âge de 13 ans, il quitte l’école pour travailler dans les plantations. Il aide sa mère à subvenir aux besoins de ses 8 frères et sœurs.
Il est vite remarqué par le géreur de l'exploitation qui le place comme muletier à l’usine.
À la même époque il découvre deux maîtres du tambour, Génius Boniface Cébarec dit "Galfété" et Féfé Maholany qui dominaient les danses.
Le jeune Emmanuel Casérus va grandir dans ce bouillon culturel. Il se faufile entre les adultes et commence à se faire remarquer dans les fêtes patronales des quartiers de Sainte-Marie.
Ses chants expriment l’effort et la solidarité. Sa mère, grande danseuse et son père combattant de danmyé, l'encouragent. Il engrange la musique des anciens, mais c’est avant tout c'est un créateur. Lors d’une prestation, il chante "Abraham". Le résultat est époustouflant. Le public l’adule.
Des personnalités le découvrent en 1960
À cette époque, Francisco Charles Denis, auteur compositeur, anime dans les années 60 des conférences sur le rôle du tambour dans la société.
Il part à la rencontre de Ti-Emile à Sainte-Marie, et organise le 1er festival consacré au tambour à Fort-de-France. Francisco se plonge dans les racines de la tradition martiniquaise et participe aux rondes de danmyé rythmées par le tambour bèlè.
À la même période, Anca Bertrand (1923-1972) journaliste d'origine roumaine, ayant œuvrée pour la connaissance des musiques traditionnelles a découvert Ti-Emile et l'a présenté aux auditeurs de Radio Martinique.
Aimé Césaire, chantre de la culture fait la connaissance de cet homme chantant les traditions du pays. Dans sa conception culturelle, il décide à la fin des années 60 de l’engager.
Ti-Emile devient gardien de la transmission au centre culturel de Dillon qui portera le nom du metteur en scène, Jean Marie Serreau. Il est même l’invité du premier festival mis en place par le secrétaire général de la ville de Fort-de-France de l'époque, Renaud De Grandmaison.
Pendant deux décennies, entourés de deux piliers Richard Philibert et Jean Poitevain, il a dispensé des cours de bèlè au centre culturel et formé beaucoup de participants.
Avec son groupe "Fleur Créole", cette figure incontournable et emblématique, a pu sillonné l’île transmettant les traditions du bèlè, de la kalenda et du ladja.
Le témoignage de l'une de ses danseuses Jocelyne Placide
Ti Emile était exceptionnel avec de grandes qualités humaines. Il savait manager et était toujours prêt à rendre service à son prochain. Il était toujours souriant et strict sur l'éducation des jeunes. C'était un homme d'une très grande fierté. En tant que danseur , il était un excellent formateur, beaucoup de participants ont pu profiter de son expérience. Ti Emile " pa té ka fè la fèt...
Jocelyne Placide - Ancienne danseuse de Ti-Emile"