L’histoire de Benoit, c’est un peu celle de tout le monde. Au début de la pandémie, on lui a tellement rabâché que le Covid-19 n’était qu’une "grippette" qu’il l’a cru. Il en était d’autant plus persuadé qu’il n’est pas du genre à s’affoler.
- Le vendredi 13 mars 2020, alors que la France et le monde s’inquiètent sérieusement, Benoit s’embarque à l’aéroport du Lamentin. Il a "quelque chose" à faire à Paris qui lui tient bien plus à cœur que la peur du coronavirus dont tout le monde parle. Mais arrivé à Paris, il déchante. Le pays est en panique. Les visages sont crispés.
- Le samedi 14 mars, la France enregistre 91 décès et 4.500 cas déclarés. Le dimanche 15 mars, jour du premier tour des élections municipales, on est à 127 morts et 5.423 cas déclarés. La France a peur et redoute de connaitre le même sort que l’Italie où 1.800 personnes ont déjà trouvé la mort à cause du Covid-19. Mais Benoit ne s’alarme pas pour autant. Il reste encore convaincu que c’est une "grippette" et que tout rentrera bientôt dans l’ordre.
- Le lundi 16 mars, le président de la République apparait sur toutes les chaines de télévision. "Nous sommes en guerre", martèle Emmanuel Macron avant de sonner la "mobilisation générale" contre un "ennemi", d’autant plus dangereux qu’il est "invisible, insaisissable".
Quand j’ai entendu ça, je me suis dit : merde, c’est le bordel ! J’ai pensé qu’on affolait tout le monde pour rien et que les médias en rajoutaient. Mais, je n’avais pas le choix. J’ai écourté mon voyage et je suis rentré en Martinique.
- Le mercredi 18 mars, cinq jours après avoir quitté l’île, Benoit retrouve son appartement à Schoelcher et se confine, comme ses voisins. Mais pas question pour ce célibataire de 45 ans de céder au "catastrophisme" ambiant, alimenté, selon lui, par les chaînes d’information en continu.
- Le jeudi 19 mars, au lendemain de son retour, Benoit est pris de quintes de toux mais il n’y prête pas plus attention que ça. Quand on est, comme lui, sujet à des allergies, c’est fréquent d’avoir le larynx qui s’enflamme et la voix qui s’enroue.
- Le vendredi 20 mars, les choses se corsent. Outre la toux sèche qui joue les prolongations, Benoit ressent comme "une barre au niveau de la poitrine". Il décide néanmoins de profiter du confinement pour faire quelques travaux dans son garage.
Benoit raconte.
J’ai constaté à ce moment-là que j’avais une gêne respiratoire quand je faisais un effort. J’ai pensé au Covid-19, en me disant que j’avais dû l’attraper. Mais ça ne m’a pas affolé plus que ça. Je prends toujours les choses avec philosophie.
- Le samedi 21 mars, Benoit ressent cette fois une douleur dans le bas et le milieu du dos. C’est une souffrance inhabituelle chez lui. Mais, fidèle à sa nature, il ne s’en fait pas : il impute son supplice aux travaux réalisés la veille dans son garage.
- Le dimanche 22 mars, la douleur est encore là. Elle s’acharne sur son dos, le traverse de part en part, comme une main qui déchire une feuille en se délectant. Et, pour ne rien n’arranger, dans la soirée, Benoit se met à cracher un liquide verdâtre.
- Le lundi 23 mars, Benoit appelle son médecin. Il lui décrit ses symptômes. Son corps ressemble, en fait, à la version laïque et médicale des dix plaies d’Egypte, divisées par deux : la toux sèche, les douleurs à la poitrine, la gêne respiratoire, les courbatures, la couleur des crachats !
- Le mardi 24 mars, en plus de tout ce qu’il supporte déjà, Benoit a de la fièvre : entre 38,3 et 38,4. Sur les recommandations de son médecin, il se rend au service Covid à l'hôpital Pierre Zobda Quitman, puis rentre chez lui. Le résultat du prélèvement tombe quelques heures plus tard : il est positif !
Là encore, j’ai pris les choses avec philosophie. Le lendemain, le médecin de l’ARS m’a appelé. Ensuite ça a été le médecin du Samu. Il m’appelait toutes les 48h pour le suivi. De mon côté, j’avais décidé de ne prendre aucun médicament et de laisser mon corps faire le travail. Je prenais juste de la vitamine C naturelle, avec du citron et de l’orange pressés au petit-déjeuner.
- Le dimanche 29 mars, Benoit est guéri. Plus de toux au réveil, plus de fatigue anormale, plus rien. Alors que les jours précédents, il faisait des efforts pour ne pas vivre au ralenti, il a retrouvé son tonus habituel. Alors, pour fêter l’évènement, il a fait un peu de ménage et du télétravail.
Benoit souligne cependant :
Au trente-neuvième jour de confinement, Benoit est conscient des ravages de la pandémie, mais il souhaite qu’on parle davantage des 98% des malades qui "s’en sortent" et qui guérissent, comme lui. Il faut en finir avec la peur. C’est son crédo qui n’enlève rien à la prudence que rappelle la formule d’usage : "Rété a kay zot".Je suis certes guéri mais je continue à porter un masque par respect pour les gens que je croise. Mon corps est immunisé ou peut, à tout le moins, se défendre contre le coronavirus, mais je reste encore contaminant.