Les gendarmes viennent de porter un grand coup à un réseau de prostitution en Martinique. 5 personnes dont le gérant d'un hôtel, placées en détention. 48 jeunes femmes dont 16 mineures (la plus jeune à 12 ans), sont victimes de proxénétisme ou de viols, révèle l'enquête...et la liste est longue.
En juillet 2020, une jeune fille se présente à la gendarmerie du Vauclin pour déposer une plainte pour viol. Les faits remontent à la fin de l’année 2017.
L’affaire est confiée à la brigade de recherche du Marin qui démontre très vite qu’un couple entretient un réseau de prostitution. Le couple est arrêté, une troisième personne est appréhendée par la suite. Il s’agit d’un homme qui avait mis le rez-de-chaussée de son logement à disposition pour la prostitution.
Grâce à l’examen du matériel informatique saisi lors des perquisitions au domicile des suspects, les enquêteurs identifient 120 victimes potentielles des faits de prostitution entre 2017 et 2019, concernant des filles ou des femmes de toute la Martinique.
(Re)voir le reportage de Franck Edmond-Mariette et Guilhem Fraissinet
Une opération de police judiciaire est menée le 25 mai 2021 dans un hôtel de Fort-de-France. Le gérant salarié de l'établissement, âgé de 55 ans, inconnu de la justice jusque-là, est arrêté. Un éducateur sportif de 48 ans, est lui aussi arrêté quartier Trénelle-Citron.
La perquisition à l’intérieur de l’hôtel indique que 5 chambres sont aménagées et utilisées exclusivement pour la prostitution. 3 autres sont en cours d’aménagement.
91 personnes sont identifiées dont 72 qui témoignent. "Elles ont vaincu le sentiment de honte", constatent les gendarmes. 48 jeunes femmes dont 16 mineures (la plus jeune à 12 ans), sont victimes de faits de proxénétisme ou de viols, révèlent les auditions.
Le mode opératoire est très classique. L’un des hommes, accompagné souvent d’une femme (pour mettre en confiance), se fait passer pour un photographe pour attirer les jeunes filles. Il leur proposent des séances de photographies pouvant déboucher sur une belle carrière et beaucoup d’argent.
Les séances se tenaient dans des tenues particulièrement légères et parfois pouvaient se terminer avec des jeunes femmes totalement dénudées.
Et tout cela au prix d’un ignoble chantage. Si elles ne veulent pas que les photos soient diffusées sur les réseaux sociaux, les filles ou les femmes doivent se prostituer ou subir un viol…
Les suspects reconnaissent partiellement les faits. Ils sont mis en examen depuis vendredi dernier (28 mai 2021) pour proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs et recours à la prostitution. Tous les deux sont en détention provisoire, tout comme les 3 premières personnes de ce dossier.
Une affaire qui démontre que filles ou femmes en difficultés sociales se laissent séduire par l’appât du gain. "C’est un drame absolu car plusieurs de ces femmes auront du mal à se reconstruire par la suite", souligne Renaud Gaudeul. La justice promet de sévir sans répit contre toutes les formes de proxénétisme en Martinique.