Pour l'avocate de l'auteur présumé de l'agression d'un autre lycéen par arme blanche au lycée Dumas Jean Joseph, son client était victime depuis la 6e de harcèlement et de propos racistes. Une information judiciaire a été ouverte.
Le 25 février 2021, Angelo, un lycéen âgé de 18 ans, blesse grièvement à l'arme blanche un autre lycéen. Opéré au centre hospitalier universitaire de Martinique, le pronostic vital du blessé n'est pas engagé mais il reste bien évidemment traumatisé par cette agression.
Angelo, l'auteur présumé des faits a été mis en examen et placé en détention provisoire le samedi 27 février par le juge des libertés malgré ses garanties de représentation.
S'il n'est pas question pour son avocate, Me Suret, de nier la gravité des faits, elle dénonce le harcèlement dont Angelo est victime depuis la classe de 6e et l'indifférence qui a entouré ces faits.
Angelo est un jeune haïtien, orphelin, qui a trouvé refuge en Martinique en 2002. Placé à l'Aide sociale à l'enfance et sous tutelle de l'État en 2011, le jeune homme est introverti.
Il a entendu, depuis son enfance, qu'il était "trop noir" et que "ses cheveux étaient trop crépus". Il a été victime de racket, on lui volait son argent de poche et il ne répliquait pas. S'il ne s'est jamais confié à quelqu'un, son entourage a laissé faire, n'a pas donné l'alerte. C'est le principe du harcelé, il se tait. C'était le devoir des adultes de le faire. Mais aujourd'hui, des enseignants confirment officieusement ou officiellement qu'il subissait des humiliations de la part de certains élèves.
On l'appelait "H"
Angelo n'était pas appelé par son prénom affirme son avocate.
Ses "camarades" d'école l'appelaient "H", "H" parce qu'il est haïtien. C'était lui nier toute son identité. J'ai appelé le rectorat mais personne n'a répondu.
Une cellule psychologique a été mise en place pour soutenir les élèves du lycée Dumas Jean Joseph.
Qu'est-ce qui a été fait pour Angelo ? qui a dénoncé les faits de harcèlement ? personne. Nous n'en serions pas là s'il le système d'alerte anti-harcèlement mis en place par l'éducation nationale était une réussite.
Me Anne Suret a contacté le service "30 20" mis en place par l'Education nationale pour dénoncer les faits de harcèlement et recevoir des conseils.
J'ai appelé ce service ce matin. Mon interlocutrice m'a répondu "si votre client est en détention pourquoi m'appelez-vous? ". Comment voulez-vous qu'un enfant puisse se défendre s'il ne reçoit pas une écoute bienveillante ? Angelo est en détention, cela veut-il dire qu'il n'a pas le droit de recevoir des conseils ?
"On se trompe de victime"
Une enquête judiciaire a été ouverte et l'instruction déterminera si les faits de harcèlement sont bien avérés.
Je veux instruire sur ces faits qui n'ont pas été dénoncé. S'ils l'avaient été, nous n'en serions peut-être pas là. Nous découvrirons que la victime n'est pas celle que l'on croit.