Agressions perpétrées contre des arbitres de football : allons-nous vers le règne animal ?

Incidents lors du match Club Franciscain / Club Colonial (11 janvier 2020).
Deuxième semaine de mobilisation, les arbitres de football n’ont toujours pas repris leur sifflet, après des agressions commises contre deux des leurs. La ligue a suspendu le championnat jusqu’au 2 février 2020. Que nous apprennent ces événements sur notre société ?
Dans une société, qui écrit les règles ? Qui doit les respecter ? Comment la norme est-elle édictée ? Quelles sont les valeurs qui illustrent la volonté majoritaire ? Autant de sujets de réflexion après les agressions perpétrées contre deux arbitres de football, à une semaine de distance.

Ceci étant, le foot est l’un des sports dont les juges sont les plus exposés aux contestations des acteurs et à la vindicte des supporters. Le triste spectacle du joueur mécontent s’en prenant à l’arbitre est beaucoup plus fréquent sur un terrain de football que dans un match de rugby ou de basket.

Passons, pour ne pas passer pour un naïf qui ne comprend rien à la folle passion du foot. Il n’empêche : le non-respect des règles dans ce sport, ou leur ignorance, ou la contestation de leur interprétation peut aisément s’élargir à d’autres moments de notre vie sociale. Usagers de la route, contribuables, salariés, syndicalistes, politiques : chacun s’essaie, un jour ou l’autre à la règle non écrite du « débouya pa péché ».
Le public lors du match tendu entre le Club Franciscain et le Club Colonial (11 janvier 2020 au François).

Incivilités et infractions jalonnent notre vie sociale


Qui n’a jamais grillé un feu rouge, utilisé le matériel de son entreprise pour soi, déclenché une fausse grève sous le masque d’un droit de retrait ? Et que dire de la fraude fiscale ?

Ne parlons pas des innombrables actes d’incivilité constatés par chacun de nous : fermer la porte devant une personne âgée ou une femme enceinte, raconter sa vie en hurlant à son téléphone portable, jeter son mégot de cigarette sur le trottoir, avoir l’injure facile, oublier de dire bonjour.

Au nom du principe aussi faux qu’inepte selon lequel ma liberté commence où commence celle des autres, nous nous acheminons vers une société où règne la loi du plus fort. En clair, le règne animal. Sommes-nous obligés de nous y résigner ?