L'agriculteur Alexandre Terne milite pour la souveraineté alimentaire en Martinique

Pas de produits phytosanitaires, pas d'engrais chimiques, Alexandre Terne a fait le choix du biologique pour ses produits agricoles. Une véritable démarche militante pour nourrir sainement la population martiniquaise, sans passer par les circuits traditionnels de la distribution. 
Juché sur les hauteurs du Lorrain, le terrain d'Alexandre Terne renferme bien des trésors. Ici les différentes cultures se frôlent pour mieux pousser.
Entre les aubergines et les feuilles de chêne, des plans de basilic. Juste à côté, des pommes de terre qui caressent des haricots verts. Sans parler des patates douces et autres choux. Plus loin les cocotiers et les pieds de poids d'angole trônent comme des protecteurs.

Ne cherchez pas de pesticides ou autres produits chimiques il n'y en a aucun. C'est que... Alexandre a fait un choix il y a maintenant 18 ans. Celui de l'agriculture biologique. Il s'agissait pour lui de nourrir sainement la population martiniquaise.
Mais il est allé bien plus loin encore en refusant les circuits traditionnels de distribution. Loin des Grandes et Moyennes Surfaces (GMS), il vend ses fruits, légumes et oeufs biologiques directement aux consommateurs. 

Aujourd'hui Alexandre reçoit la visite d'un potentiel client. Joseph est guide de randonnée pédestre. Ensemble ils organisent déjà un parcours sur l'agro-propriétée. C'est précisément ce type d'échanges que l'agriculteur veut développer avec les consommateurs. Plus qu'un producteur de fruits et légumes, Alexandre Terne a fait de sa profession un véritable sacerdoce avec en tête un objectif qui ne le quitte plus : la souveraineté alimentaire.
 

Une histoire de famille


Cette vingtaine d'hectares a été achetée par la famille Terne en 1985. Au départ, Alexandre se vouait à une carrière juridique. Il faisait des études de droit avant de se lancer dans l'agriculture traditionnelle. Il commence donc par faire pousser de l'ananas traité, jusqu'en 1999. Cette année-là, la SOCOMOR (coopérative d'agriculteurs de Martinique) fait faillite.

Alexandre décide donc d'en profiter pour se reconvertir. C'est décidé il fera du Bio ! Ça tombe bien, son terrain est sain. Il ne comporte aucune trace de chlordécone. Comme en attestent les différents contrôles effectués par la DAF (Direction de l'Agriculture et de la Forêt). 
Il lui faudra 5 ans pour obtenir la licence en agriculture biologique, le précieux certificat.

Il commence par remplacer ses ananas traités par des ananas biologiques. Mais il n'est pas satisfait. Alors il décide de se lancer dans le maraîcher. Légumes racines, fruits, laitues et même oeufs. Tout est non traité. Et pour l'engrais, il garde précieusement son fumier. Fabriqué ici à partir de déjections de cabris locaux.
 

La phytothérapie en plus


Pour aller encore plus loin, Alexandre a décidé de valoriser les nombreuses plantes médicinales que compte la Martinique. Pour se faire il a investit dans une installation spécialement conçue pour extraire les huiles essentielles des herbes et autres plantes biologiques qu'il cultive sur son terrain agricole. 

Ainsi il propose des huiles essentielles et hydrolats locaux totalement exsangues de produits chimiques. Et ne cherchez pas le stock, il n'y en a pas ! 
L'homme serait presque victime de son succès. Il les prépare donc désormais quasiment uniquement sur commande.

Et voilà comment Alexandre Terne poursuit son rêve. Celui d'arriver à l'autosuffisance alimentaire en Martinique.
À ce titre il a également monté une toute nouvelle association : Mouvman Péizan Matinik. Une structure qui a à peine quelques semaines et qui risque probablement de faire parler d'elle.