ANALYSE. Climat : les utopistes ont toujours raison

Comme prévu, le sommet mondial sur le climat, la COP 29, s’est terminée en Azerbaïdjan dimanche 24 novembre 2024 par un échec retentissant sur un point essentiel, le financement des réparations des dommages causés par le réchauffement climatique. Pourtant, chaque année, l’urgence est déclarée, en pure perte.

Les pays pauvres devront encore attendre la bonne volonté des plus cyniques des pays riches pour espérer réparer les dégâts causés par l’utilisation des énergies fossiles. Après moultes tractations diplomatiques, la somme de 300 milliards de dollars (285 milliards d’euros) a été retenue comme contribution annuelle des pays dits développés pour alimenter un fonds spécial géré par les Nations unies.

Ces crédits publics et privés sont destinés aux pays les plus pauvres d’Afrique, du Pacifique et de la Caraïbe, qui sont aussi les plus vulnérables aux dérèglements atmosphériques. Ils pourront investir massivement dans les énergies à faible teneur en oxyde de carbone, ou bas carbone, tirées de la mer, des rivières, du soleil, du vent et des déchets verts. Or, il faudrait multiplier par dix pour que les investissements dans ces énergies soient efficaces à long terme. L’échec est donc évident sur ce plan.

Un fonds spécial abondé au bon vouloir

Le fonds spécial sera alimenté selon la volonté des États en fonction de leur degré d’influence, de leurs intérêts géopolitiques et de leur volonté de participer à la stabilisation du climat. Les États-Unis et la Chine, les deux premiers pays émetteurs de gaz à effets de serre et donc, les deux premiers responsables des dérèglements climatiques, ne sont pas en pointe sur la question des réparations. C’est un euphémisme.

Pas plus que ne le sont les monarchies pétrolières du golfe arabo-persique. Elles tiennent leur richesse et leur influence de l’exploitation du pétrole et du gaz et refusent obstinément de remettre en cause ce système lucratif pour elles. En outre, leurs dirigeants, des autocrates non élus par leur peuple, sont incapables de comprendre les enjeux du monde moderne.

Un projet de la Première ministre barbadienne Mia Mottley

Pour sa part, l’Union européenne est le premier financeur de ce fonds. Pourtant, elle ne révèle pas le montant qu’elle consacre à cette banque de financement des réparations causées par les dérèglements du climat. Du reste, le président français Emmanuel Macron a été l’un des premiers dirigeants politiques, avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres à soutenir cette idée.

Un projet développé pour la première fois lors de la COP 27 de Charm-el-cheikh en Egypte, en 2022, par la Première ministre de Barbade, Mia Mottley. Elle demandait que cette agence fiscale mondiale mette sur la table 500 milliards de dollars de fonds publics versés par les États les plus riches. Puis, dans un second temps, il conviendrait selon elle de solliciter les entreprises multinationales en sorte de multiplier par dix ce montant.

La justice climatique au secours des pays pauvres

Mia Mottley a répété son argumentaire à la COP 29, articulé autour du sujet complexe de la justice climatique. Pour elle, il est injuste que les pays pauvres supportent seuls la multiplication des événements météorologiques extrêmes générés par les gaz à effet de serre. Elle estime que la prospérité de l’Occident depuis la Révolution industrielle à partir des années 1800 a été construite sur l’exploitation des ressources naturelles et humaines des territoires dominés. Aussi, les victimes d’un préjudice qu’elles n’ont pas créé, n’ont pas à le réparer.

En dépit du soutien constant du secrétaire général de l’ONU, la Première ministre de Barbade s’est encore heurtée à l’égoïsme des plus riches. Ils ne comprennent pas qu’ils peuvent aider à sauver l’humanité, y compris eux-mêmes, en devenant solidaires de ceux qu’ils continuent de piller. Or, il est constant que les utopistes ont toujours raison.