ANALYSE. Démographie : l’immigration massive est-elle une chance pour la Martinique ?

Rue au centre-ville de Fort-de-France.
Le dernier bilan démographique de la France laisse apparaitre une baisse des naissances considérée par plusieurs experts comme préoccupante. Un phénomène que nous connaissons depuis plusieurs années en Martinique, qui pourrait être résolu par l’immigration massive. Un sujet impensé, pour le moment.

La France faisant moins de bébés année après année, elle est désormais classée parmi les pays européens vivant une crise de la natalité comme l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, la Suède. En fait, cette tendance à la dénatalité est observée sur tous les continents. La Caraïbe aussi est affectée par ce phénomène, très marqué à Cuba et à Trinidad-et-Tobago, mais surtout en Guadeloupe et en Martinique.

D’ailleurs, l’évolution de la population est beaucoup plus inquiétante aux Antilles qu’à l’échelle de la France entière. L’émigration massive des jeunes dès le début des années 1960 avec le Bumidom, la généralisation de la contraception et l’amélioration des conditions sanitaires expliquent largement cette tendance sociologique lourde.

Dès lors, est-il possible d’enrayer le phénomène de notre dépeuplement, à supposer que nous le voulions ? Arrêter ce déclin implique la remise en cause de nos manières de penser et exige de nouvelles politiques publiques. À trop différer les solutions revient à aggraver les incidences de la dénatalité.

Des conséquences irrémédiables

Celles-ci risquent d’être irrémédiables. Ainsi, le rétrécissement de la consommation des ménages et des entreprises et la chute des investissements sont synonymes de ralentissement de l’activité économique et par conséquent, d’appauvrissement généralisé. Le dépeuplement et le vieillissement de la population ont également pour corollaires le repli sur soi, la crise d’identité, la poursuite de l’émigration des jeunes.

Aussi, pourquoi ne pas repeupler le pays par des immigrés ? Nous n’en avons pas forcément conscience, mais la réalité est brutale. Le nombre de naissances, 3 400 l’année dernière, est désormais inférieur à celui des décès. Et ceci, pour la quatrième année consécutive.

Pour compenser le solde naturel négatif, le retour au pays de nos natifs est-il envisageable ? Si oui, à quelles conditions ? Un immigré revient chez lui s’il a un emploi, un logement, une couverture sanitaire, des écoles pour ses enfants, des activités de loisirs, la sécurité. Pouvons-nous assurer à nos familles vivant hors du territoire que c’est le cas ?

Un sujet tabou ou ignoré ?

Il reste aussi l’hypothèse de la relance des naissances. Or, nous ignorons les raisons pour lesquelles nos enfants ne font pas autant d’enfants que nous et que nos parents. Ont-ils peur de l’avenir ? Ont-ils des aspirations sociales incompatibles avec la procréation multiple ? Du reste, il n’est pas prouvé que les politiques natalistes aient produit quelque résultat positif que ce soit dans le monde. Pourquoi en serait-il différemment ici ?

Il reste que l’accueil massif d’étrangers n’est envisagé ni par nos dirigeants, ni par la population. Il est vrai que le risque politique de l’immigration est élevé. Ce qui explique peut-être qu’il n’est pas un thème prioritaire du débat public, comme le sont la cherté de la vie ou les conséquences de la pollution aux pesticides. Est-ce à dire que nous n’en parlerons jamais ?