ANALYSE. Vie chère : la colère des consommateurs martiniquais ne redescend pas

Le rassemblement à l'appel du RPPRAC au marché du Stade de Dillon.
La colère populaire ne redescend pas depuis la signature du protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère du 16 octobre 2024. Il a été ratifié par tous les partenaires concernés, sauf par les auteurs principaux de la mobilisation contre la cherté de la vie, un comble ! Ce qui montre que la crise est loin d’être terminée.

La mobilisation se poursuit. Ainsi en ont décidé le RPPRAC et ses sympathisants. Tant que la baisse des prix sur la totalité des 40 000 produits alimentaires ne sera pas satisfaite, le collectif ne lâchera rien. Les tentatives de boycott de certains hypermarchés, les défilés de rue et les sept tables rondes de négociations n’ayant pas donné les résultats attendus par l’association, il convient de passer à une autre phase.

Le collectif et ses soutiens ont un point de vue totalement inverse à celui, triomphaliste, affiché par le président du conseil exécutif et le préfet. Ils disent que l’accord portant sur la baisse de 7 000 produits est historique ou positif. Le RPPRAC dit qu’il comprend que les 33 000 autres produits disponibles en magasin ne sont pas concernés par cette baisse. Autrement dit, rien ne changera pour les consommateurs.

La déception et la frustration restent palpables

Aussi, la colère ne redescend pas. Ce qui se comprend, vu le grand écart entre le protocole et la revendication centrale du collectif. Il réclame l’application du principe de l’égalité des consommateurs français devant l’alimentation. Cette demande légitime ne semble pas avoir été entendue par la présidence de la Collectivité Territoriale de Martinique, ni par le représentant de l’État. L’idée était de signer pour ramener le calme, mais la tactique a échoué.

La déception et la frustration restent palpables. Le combat continue sur un fond d’exaspération clairement exprimée. La colère n’est pas bonne conseillère. Quand elle est provoquée par une incompréhension totale entre les dirigeants politiques et le peuple, elle ne présage rien de bon.

Précisons toutefois que nos élus ne sont pas tous unis derrière l’exécutif de la CTM. Nos quatre députés se sont démarqués de Serge Letchimy, estimant que les promesses d’engagements doivent être transformées en mesures législatives. Ce qui n’est pas gagné.

Les élus ne sont pas sur la même longueur d’onde

Ils ajoutent qu’il faut poursuivre les discussions pour élargir la liste des produits soumis à une baisse. Ils estiment aussi qu’il faut organiser différemment la production locale afin qu’elle ne soit pas étouffée par l’importation.

Quant aux maires, ils restent attentifs et prudents quant aux effets négatifs sur le budget de leurs communes de l’annulation de l’octroi de mer sur les 7 000 produits retenus. Ces élus de proximité sont confrontés à la misère sociale. Laquelle peut être atténuée grâce à la ressource de cette taxe qui leur permet d’alléger ponctuellement les souffrances des plus démunis.

La signature du protocole révèle davantage de problèmes qu’elle n’en résout. En attendant la fin du conflit, la confusion continue de régner. Et la Martinique s’interroge sur ce qu’il convient de faire pour que chacun puisse vivre sereinement.