Avec du sucre de canne, de l'huile de coco, du beurre de karité ou de l'essence de vanille, sa fiche de consigne en main, Marie-Gabrielle conduit une ligne de fabrication d'une forme sèche. Cela signifie qu'elle va créer un mélange sec. Il s'agit d'un exfoliant corporel à base de sucre de canne.
Pour cela elle va utiliser un énorme robot industriel, un mélangeur.
Comment je sais que c'est prêt ? demande-t-elle à son enseignante. Tu fais un contrôle visuel, lui répond Marie-Antoinette Herelle
Une fois le mélange bien amalgamé, elle vérifie le PH (potentiel hydrogène) de son produit, avant de le mettre en pot.
Marie-Gabrielle prend sa mission très au sérieux. Ces pots seront vendus dans une boutique avec laquelle la classe a un partenariat.
Dans une autre salle, Malyk utilise la boule de concentration pour la préparation d'un coulis d'abricot péyi.
Quelques mètres plus loin, Yvann effectue un nettoyage avec un détergent alimentaire puis utilise une machine pour vérifier.
"Une procédure très importante pour éviter le développement de bactéries", explique son enseignante.
Il va préparer des tartelettes à la papaye verte.
Dans cette classe de la section bio industrie transformation du lycée Joseph Pernock du Lorrain, l'un des projets pédagogiques vise à valoriser les produits locaux sur les trois domaines de travail (pharmaceutique, cosmétique et alimentaire).
Feuille de "chadon béni" séchée, pâte de fruits à l'atoumo ou au corossol, sirop de groseille péyi, gelée de piment doux ou savon au chocolat et à la cannelle, chaque semaine, en classe de production, les élèves fabriquent des produits à partir de matière première du jardin créole martiniquais.
Nous apprenons à transformer ce que nous avons autour de nous. Nous avons des pommes d'eau ici, pourquoi faire de la compote de pomme ? Nous ferons une compote avec nos pommes d'eau. Pareil, si nous devons faire un exercice de confiture, ce n'est pas la peine d'acheter des fraises surgelés. Nous ferons avec ce que nous avons autour de nous. Je me rends compte que quand je parle de produits aux élèves, ils ont d'abord le supermarché en tête. Il y a hélas, beaucoup de produits qu'ils ne connaissent pas.
Marie-Antoinette Herelle, enseignante en biotechnologie au lycée du Lorrain
C'est bien de savoir utiliser nos produits locaux parce que c'est notre patrimoine et cela apporte vraiment quelque chose surtout pour la nouvelle génération qui ne connaît pas. Le fait de connaître, plus tard on peut créer des entreprises avec nos produits et exporter plus pour nous valoriser.
Yvann, élève de 1ère
En classe, les élèves bénéficient d'équipements comme dans une véritable usine de production. Ils utilisent d'énormes robots impossible à acheter en magasin d'électro-ménager comme une machine pour la pasteurisation. Une autre pour mélanger ou pour micro filtrer.
Les classes sont en demi jauge (12 maximum), en conditions professionnelles.
Ils sont capable par exemple de réceptionner des goyaves, de faire toutes les étapes du tri, du lavage, de l'épluchage, de la transformer en pulpe et la conditionner, soit dans des bocaux ou sous vide. Ils sont apte à transformer de nouveau cette pulpe pour faire des confitures ou de la pâte de fruits. Je dis la goyave, mais cela concerne n'importe quel autre fruit comme la prune de cythère, du giraumon ou du fruit-à-pain. Ils peuvent tailler de manière différente et conditionner sous vide. Et deux mois après, récupérer ce fruit-à-pain et faire un migan en conservation longue en bocal, ou une soupe en bocal également
Marie-Antoinette Herelle
Nous travaillons avec de petites entreprises. Nous ne faisons pas semblant. Ils doivent respecter un cahier des charges, évaluer le rendement. De la matière première au produit fini, élaborer les étiquettes en accord avec la règlementation.
Marie-Antoinette Herelle
Je suis passionné par l'agriculture. Je vais poursuivre avec un BTS en agronomie au lycée du Robert. Je veux être ingénieur agronome.
Yvann, élève de 1ère
Contrairement à Yvann, certains de ses camarades réfléchissent encore et ne savent pas encore ce qu'ils feront par la suite.
La filière professionnelle en trois ans, jusqu'au baccalauréat conducteur de ligne de production, existe depuis une quinzaine d'années en Martinique.
Une fois diplômé, il est possible de poursuivre avec un BTS ou une licence professionnelle en Martinique ou dans une autre région française.