Xavier Terrine, 36 ans, originaire de Sainte-Marie, s’est lancé dans l’agriculture après une première carrière dans le commerce international. De retour en Martinique, il suit une formation diplômante au CFPPA Atlantique et, dès 2022, commence à vivre de cette activité.
Lorsqu’un appel à candidature de la SAFER est publié en novembre 2024, il postule et voit son dossier retenu le 31 janvier dernier.
Pourquoi un verger sur un terrain pollué ?
Le choix de l’arboriculture fruitière pour ce terrain de près de six hectares n’est pas anodin. Comme l’explique Xavier Terrine, la contamination des sols par la chlordécone a été un facteur clé dans l’attribution de la parcelle :
Par rapport aux niveaux de pollution qui ont été observés sur ce terrain-là par la chlordécone, il était plus indiqué d’avoir un projet en arboriculture fruitière pour préserver aussi les populations et ceux qui y travaillent.
Xavier Terrine, agriculteur,au micro de Denis Adenet-Louvet
L’arboriculture permet en effet de limiter les risques liés à cette pollution, car les arbres fruitiers, contrairement aux cultures de plein champ, sont moins susceptibles d’absorber la chlordécone présente dans les sols.
Un terrain pas vraiment prêt à l’emploi…
Si le terrain lui a été attribué, il n’était pas pour autant prêt à être exploité. L’enherbement était important, ce qui aurait pu retarder la mise en culture.
Heureusement, Xavier Terrine disposait déjà du matériel nécessaire :
Dès le départ, la SAFER nous a dit que le terrain était mis à disposition en l’état, donc sévèrement enherbé. J’ai déjà un tracteur, un girobroyeur pour gérer l’enherbement, ainsi qu’un outil de travail du sol qui me permet d’être actif immédiatement après l’attribution de la parcelle.
Xavier Terrine
En deux heures seulement, il est parvenu à dégager une première parcelle qu’il compte exploiter sans tarder.
Goyaves, agrumes et adaptation au marché
Xavier Terrine prévoit d’abord une première plantation de goyaviers, dont la récolte devrait être commercialisable dès la deuxième saison. À plus long terme, il compte diversifier son verger avec des citronniers, pamplemoussiers et autres agrumes.
Mais avant cela, il doit préparer le sol en plusieurs étapes :
Il faut vraiment détruire l’enherbement. Dans un premier temps, il faut le broyer, bien couper, puis laisser sécher la matière sur place. Ensuite, on l’incorpore au sol pour préparer un lit de semences dans lequel on pourra planter les arbres et les haies pour protéger les cultures.
Xavier Terrine
Un suivi attentif de la contamination des sols
Afin d’évaluer l’évolution de la contamination par la chlordécone, Xavier Terrine prévoit de faire analyser les teneurs actuelles du sol. Les derniers relevés, effectués en 2010, indiquaient un taux de 2 microgrammes par kilo de terre. Il espère qu’en 15 ans, ces niveaux auront diminué de moitié.
Si les résultats sont encourageants, il envisage de participer à une étude sur la décontamination naturelle grâce à la jachère et au roseau géant, qui ont envahi le terrain.
Une dynamique encourageante pour l’agriculture locale
Dans le cadre de la banque de terre mise en place par la CTM, trois projets distincts prennent racine sur ces nouvelles exploitations : permaculture, maraîchage et arboriculture. L’installation de ces trois jeunes agriculteurs s’inscrit dans une volonté plus large de la CTM : faciliter l’accès au foncier agricole et encourager des projets viables et durables. Une visite de terrain a eu lieu (mardi 11 février) en présence des élus, venus constater l’avancée des installations.
Xavier Terrine, lui, est prêt à relever le défi. Son objectif : faire de son verger un modèle d’adaptation aux contraintes locales, tout en répondant aux besoins du marché martiniquais.