L'année 2022 n'est pas encore terminée, mais les professionnels la considère d'ores et déjà comme mauvaise. Par rapport à 2019, dernière année de référence, le nombre de spectateurs a baissé de 35% en Martinique.
Une baisse qui touche autant le complexe local Madiana que les salles de l’Hexagone. Par ailleurs, la chute était bien plus sévère durant la crise sanitaire. Mais ces chiffres interpellent, alors qu’il n’y a plus de contraintes sanitaires, et cela, depuis 6 mois.
Pourquoi cette baisse ?
L'exploitant local l’explique principalement par une qualité de films moyenne ou, plus précisément, par un manque de blockbusters. Ces superproductions hollywoodiennes qui attirent des millions de spectateurs dans le monde et des milliers chez nous.
Seuls le dernier Spider-Man, et les suites de Black Panther et Avatar, dont les sorties sont prévues en novembre et décembre, sont dans cette catégorie-là.
Thomas Balmelle, directeur régional des exploitations, Madiana
Mais est-ce la seule raison de cette dégringolade ? La direction du complexe cinématographique évoque aussi des "changements d’habitudes". Fait-elle allusion à ces services de streaming, comme Netflix et Disney, qui proposent à leurs abonnés des films relativement récents et qui les éloignent, donc, des salles de cinéma ? Sont-ils les responsables de cette baisse de fréquentation ? Difficile à dire, répond Madiana.
Ces plateformes existaient déjà en 2019, année où l'on a enregistré un nombre-record de spectateurs dans les salles.
Thomas Balmelle
Le phénomène streaming n’expliquerait pas tout. Un autre frein possible serait peut-être le prix de la place de cinéma, en constante augmentation. 8,40 euros en 2019, elle coûte aujourd’hui 9,30 euros, soit une hausse de 10% soit près d'un euro de plus en trois ans.
Une évolution liée à l’augmentation de la TSA, taxe sur les entrées qui permet d’alimenter un fonds de soutien au cinéma français. Cette taxe est passée de 3% du chiffre d’affaires en 2018, à 5%, quatre ans plus tard.
Les distributeurs en Martinique sont inquiets. Le taux de location des films devrait passer de 35 à 47%.
Une réforme qui signerait la mort de tous les cinémas ultramarins, selon Alexandra Elizé, directrice de Madiana. Les exploitants de salles espèrent faire baisser ce taux, à l’occasion de discussions, toujours en cours, avec le gouvernement.