Budget, drapeau, retour au pays... au menu de la première plénière de l’Assemblée de Martinique

Plénière de l'Assemblée de la CTM, le 22 décembre 2022 (illustration).
Les élus de l’Assemblée de Martinique se réunissent durant 2 jours (2 et 3 février) pour la première plénière de l'année 2023. Parmi les 69 points au menu, le vote du budget primitif de 2023 devrait occuper une bonne partie des débats, idem pour le point relatif à "la création de la maison du retour de la famille", l’objectif pour la CTM étant de "redynamiser la croissance démographique" de l’île. Le "drapeau pays" sera aussi sur la table.

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L’ordre du jour de la séance plénière mensuelle de l’Assemblée de Martinique est toujours aussi chargé. Jeudi 2 et vendredi 3 février 2023, les élus réunis à l’Hôtel de la CTM à Cluny, abordent 69 points. Entre projets de décrets et demandes de subventions entre autres, le budget primitif sera débattu.

Le budget primitif constitue le premier acte obligatoire du cycle budgétaire annuel de la collectivité. Il doit être voté par l’Assemblée délibérante avant le 15 avril de l’année, avant d’être transmis au représentant de l’État dans les 15 jours qui suivent son approbation.

Un budget en deux sections

Par cet acte, l'ordonnateur est autorisé à effectuer les opérations de recettes et de dépenses inscrites au budget, pour la période qui s’étend du 1er janvier au 31 décembre de l’année civile. Ce principe d’annualité budgétaire comporte quelques aménagements pour tenir compte d’opérations prévues et engagées mais non dénouées en fin d’année.

D’un point de vue comptable, le budget se présente en deux parties, une section de fonctionnement et une section d’investissement. Chacune de ces sections doit être présentée en équilibre, les recettes égalant les dépenses.

Schématiquement, la section de fonctionnement retrace toutes les opérations de dépenses et de recettes nécessaires à la gestion courante des services de la collectivité. L’excédent de recettes par rapport aux dépenses, dégagé par la section de fonctionnement, est utilisé en priorité au remboursement du capital emprunté par la collectivité, le surplus constituant de l’autofinancement qui permettra d’abonder le financement des investissements prévus par la collectivité.

collectivités-locales.gouv.fr

A charge pour la majorité de démontrer la pertinence de ses choix budgétaires en termes d’investissements pour 2023, face aux opposants qui pointent du doigt généralement un "manque d’ambition" ou de "mauvaises orientations".

Une démographie en baisse

L’une des préoccupations majeures de la nouvelle gouvernance, c’est la diminution démographique dans l’île. D’après une dernière projection de l’INSEE publiée en novembre 2022, "la population diminuerait continuellement jusqu’en 2070", pour atteindre 212 000 habitants.

Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, 286 300 habitants résideraient en Martinique en 2042. À l’horizon 2070, le nombre de Martiniquais serait de 212 000, soit 157 000 de moins qu’en 2018. La population diminuerait en moyenne d’environ 1,1 % chaque année entre 2018 et 2070. Cette baisse serait plus importante que celle constatée entre 2013 et 2018 (- 0,9 %). Elle serait assez constante jusqu’en 2060, avant de ralentir jusqu’en 2070.

INSEE flash Martinique

(Paru le 24/11/2022)

Face au vieillissement de la population souligné par l’INSEE dans cette publication et à l’exode des jeunes en particulier vers d’autres horizons, la Collectivité Territoriale de Martinique entend "redynamiser la croissance démographique". Ce dossier fera lui aussi l’objet de discussions lors de cette plénière de 48 heures.

Ce projet phare de l’actuelle mandature a pour but de maintenir et d’amplifier le retour au pays des jeunes de 18 à 40 ans. Il vise à redynamiser la croissance démographique et à créer les conditions d’une nouvelle dynamique pour notre société martiniquaise, en mettant un terme à l’hémorragie démographique en cours.

CTM
L'exécutif de la CTM en train de répondre aux élus lors de la plénière du 22 décembre 2022 (illustration).

Quid du "drapeau pays" ? 

Enfin, concernant l’imbroglio lié à l’emblème local, le président du Conseil Exécutif, Serge Letchimy, dans un communiqué du 23 janvier 2023 a annoncé que les élus de l’Assemblée se prononceront "de manière définitive" lors de la séance.

La Collectivité Territoriale de Martinique prend acte de la décision du vainqueur de la consultation populaire pour le "Drapeau de Martinique" de retirer sa proposition de la procédure (…). La CTM appelle au respect de ce choix définitif, apporte son soutien à la candidate et condamne avec force l’acharnement et la vague de haine dont elle a été victime (…). Un nouveau classement sera établi avec ce désistement, le drapeau n°891 prenant la place de premier. Ce classement sera transmis à l’Assemblée de Martinique, qui délibérera librement du choix final de l’hymne et du drapeau de la Martinique. Les élus de l’Assemblée de Martinique se prononceront les 2 et 3 février 2023 de manière définitive.

Serge Letchimy

Discussions animées en perspective

Dans le camp des patriotes du GSPM (Gran Sanblé Pou Matinik), 1er groupe d’opposants à l’Assemblée, il faut s’attendre à des interventions tranchées quant à la méthode retenue par la Collectivité, pour le choix de ce "drapeau pays".

Dans une communication en date du 1er novembre 2022, je notais que la prise de position du président du conseil exécutif entachait "d’ores et déjà d’insincérité la consultation des Martiniquais.es, d’autant que le flou demeure quant aux modalités concrètes de consultation de la population". […] On ne peut pas en effet demander aux Martiniquais.es de participer à un "processus démocratique transparent d’appel à projet ouvert, tout en annonçant d’entrée que l’on "fera tout pour que le Rouge-Vert-Noir l’emporte".

Francis Carole, membre du GSPM

"On trompe le peuple martiniquais"

En agissant ainsi, on fausse les résultats de la procédure mise en œuvre. On trompe le peuple martiniquais. Et on jette le discrédit sur notre drapeau historique. Le drapeau Rouge-Vert-Noir n’a pas besoin d’une victoire par favoritisme et encore moins par tricherie. Son honorabilité doit être défendue.

F. Carole

(Publication Facebook du 3 janvier 2023)

La joute s’annonce animée sur ce sujet, tandis que nombre de Martiniquais considèrent sur les réseaux sociaux singulièrement, que "ce n’est pas une priorité".