Un budget de l’outre-mer ni pauvre, ni riche, ni prometteur

Philippe Vigier, le ministre délégué des Outre-mer à son bureau, à Paris (octobre 2023).
Quel sera la montant du budget du ministère des outre-mer en 2024 ? Le vote aura lieu dans la seconde quinzaine de novembre, mais la discussion a déjà commencé à l’Assemblée nationale. Nos députés sont plutôt perplexes face à l’optimisme affiché par le ministre.

En déplacement en Martinique du 11 au 13 octobre 2023, le ministre des Outre-mer, Phiipe Vigier, se montre fier d’annoncer que le budget de son ministère va augmenter de 7% l’année prochaine. Cela représente 203 millions d’euros de plus par rapport au budget de cette année, qui était en augmentation de 11% par rapport à celui de 2022.

Si le projet du gouvernement est voté avec ces éléments prévisionnels, le budget 2024 du ministère des Outre-mer dépassera la barre symbolique des 3 milliards d’euros. Pour rappel, l’effort budgétaire global de l’Etat en Outre-mer s’élève à 22 milliards d’euros cette année. Les crédits ventilés par "notre ministère" avec de gros guillemets - représente moins de 15% de ces sommes. L’essentiel est du ressort des ministères de l’Intérieur, de l’Education, de la Santé et de la Défense.

Autre rappel : l’année dernière, lors du vote du budget de l’Outre-mer, le précédent ministre, Jean-François Carenco, avait sèchement refusé une série d’amendements validés par la totalité des députés de tous nos territoires. Ils demandaient une augmentation de 200 millions d’euros des crédits. En pure perte ! Ce qui avait provoqué la colère de nos représentants, toutes tendances politiques confondues.

Qu’en sera-t-il cette année ? Le vote aura lieu d’ici à un mois. Nous verrons alors en quoi consiste la logique de rattrapage des retards de développement de tous nos territoires. Une logique qui sert de boussole à tous les gouvernements depuis… 1946, année où les colonies sont devenues départements.

Nos députés perplexes face à un ministre optimiste

Une logique qui tarde à être atteinte, en dépit d’une volonté politique affichée se traduisant par des lois ambitieuses sur le papier. Citons notamment la loi d’orientation pour l’outre-mer, la LOOM, en 2000 ; une autre loi de programmation, la LODEOM en 2009 ; ou encore la loi sur l’égalité réelle en 2017.

D’ores et déjà, nous savons que le compte n’y sera pas cette année. Le projet de budget n’est ni riche, ni pauvre, pour reprendre les propos de Jiovanny William, le rapporteur du budget du ministère. Ce projet poursuit sans véritables efforts le rattrapage attendu du Gouvernement depuis plusieurs années en faveur de nos territoires".

Le député de Martinique, choisi cette année par ses collègues des collectivités périphériques pour porter leur voix, "réaffirme qu’il continuera de lutter contre cet état intermédiaire en enrichissant le texte de nouvelles propositions".

Selon ses homologues et lui-même, ces efforts doivent porter sur le financement du logement social, l’aide aux collectivités territoriales, l’harmonisation de la continuité territoriale, l’insertion économique, la coopération régionale, le soutien aux familles affrontant la vie chère.

Nos députés seront-ils entendus ? La discussion s’amorce à peine. Pour le moment, aucun signal ne vient corroborer la volonté du gouvernement de casser la spirale du développement de notre sous-développement.