La Caraïbe s’interroge sur ses monuments datant de l'époque coloniale

À Trinidad et Tobago, la statue de Christophe Colomb dans la capitale, Port of Spain a été défigurée avec de la peinture rouge.
À Trinidad et Tobago, les descendants des amérindiens veulent déboulonner les statues de Christophe Colomb. À Barbade, les activistes veulent faire disparaître la statue de Lord Nelson, érigé devant le parlement. C'est le contraire à la Jamaïque où les statues des héros locaux sont nombreuses.  
 
Les manifestants du mouvement Black Lives Matter (les vies des noirs comptent) ont déboulonné plusieurs statues d’esclavagistes et de l'époque coloniale en Angleterre, en Europe et aux États-Unis.
 

Démantèlement des monuments esclavagistes  


À Trinidad et Tobago, les descendants des Amérindiens ont manifesté à la Place Columbus, baptisé en honneur du navigateur Christophe Colomb. Son arrivée aux Antilles a marqué le début du génocide des premiers habitants de la Caraïbe. Les survivants veulent faire disparaître ces statues de Colomb.  

À Barbade, 5.000 signatures ont été recueillies pour déboulonner la statue de Lord Horatio Nelson, amiral britannique et défenseur de l’esclavage, érigée devant la place du parlement depuis 400 ans. En 2017, la statue a été défigurée. Mais elle garde encore sa place d’honneur dans la capitale, Bridgetown.
À Barbade les militants ont peint la statue de Lord Horatio Nelson dans des couleurs du drapeau.

Les intellectuels soutiennent le mouvement


Hilary Beckles, doyen de l’Université des West Indies et président de la Commission de la CARICOM en faveur des réparations a demandé le démantèlement des monuments des personnes qui avaient commis des crimes contre l’humanité.
  
L’historienne d’art Veerle Poupeye, basée à la Jamaïque, affirme que les monuments publics ont une valeur symbolique et une nature propagandiste. Ils sont associés au pouvoir. "Dans la Caraïbe, il y a beaucoup trop de représentations des idées obsolètes et oppressives", souligne-t-elle.
 

Des centaines de statues des héros locaux à la Jamaïque


Dès l’indépendance en 1962, la Jamaïque érige des statues en hommage aux héros locaux. La Reine Victoria est déboulonnée et déplacée. Sa statue est remplacée par celle de Sir Alexander Bustamante, syndicaliste et le père de l’indépendance.
 
Les jamaïcains ont déplacé la statue de la Reine Victoria dans un decor urbain.
La statue d'Alexander Bustamante a remplacé la celle de la Reine Victoria.
À la Jamaïque, on préfère contempler la statue de Marcus Mosiah Garvey, activiste du 20e siècle, ou celle de la maroone Nanny, l’unique femme héroïne nationale, qui a mené son peuple en guerre contre les forces britanniques dans les Blue Mountains.
Le pan-africaniste jamaïcain, Marcus Garvey.
Nanny, leader des Maroons et l'unique héroïne nationale de la Jamaïque.
Les statues en hommage à la star du reggae Bob Marley se retrouvent aux quatre coins du pays.
Statue de Bob Marley à Kingston, Jamaïque.
Quant aux grands sportifs de la Jamaïque, les statues d’Usain Bolt, Shelly-Ann Fraser-Pryce, Merlene Ottey et des dizaines d’autres, entourent le stade national de Kingston.
Statue en bronze de la sprinteuse jamaïcaine Merlene Ottey.
gauche à droit devant la statue d'Usain Bolt: Glen Mills entraîneur d'Usain Bolt, Olivia Grange ministre des sports, Usain Bolt, Andrew Holness premier ministre de la Jamaïque, Basil Watson sculpteur de la statue.
Les jamaïcains sont exigeants. Si les répliques des statues ne sont pas suffisamment fidèles aux vraies personnalités, elles sont parfois, à leur tour, deboulonnées.