Carnaval : un rituel populaire incontournable

Adeptes du Carnaval à Fort de France (2013)
Place au Carnaval, du nord au sud. Un moment d’action collective éphémère et rituel qui n’est pas sans rappeler un autre type de mobilisation.
Le Carnaval, le vrai, est là. Le temps des masques est arrivé, un rituel que nul ne saurait manquer. Événement populaire s’il en est, le moment des travestis est un incontournable de notre vie sociale, mieux, un marqueur d’identité. Certains revêtiront le costume du diable rouge, effrayant les naïfs. Ceux-là feront le nèg gwo siwo, fonçant dans le tas imposer leur autorité. Les Karolin zyé loli n’y verront que du feu. Elles risquent d’être déçues des promesses non tenues de bal masqué avec leurs prétendants, se transformant en un coup de rein en Mariàn lapo fig espérant son prince charmant.
 
Dans le vidé, place à l’improvisation. Le défoulement autorise toutes les modalités de la liberté de ton : la dérision, pour se moquer de son concurrent ; la transgression, pour jeter par-dessus bord ses convictions. Un vrai spectacle, amusant ou pathétique, c’est selon. La débauche de couleurs, l’explosion des sons, l’ivresse collective renvoient au souvenir de Saint-Pierre, patrie du Carnaval, à sa gloire passée, et à son éternel espoir de renaissance, à l’image du pays entier.
 
Mwen ka gadé mas pasé*. Mi tala ka vini adan an bradjak. Je regarde défiler les travestis. En voilà un qui avance dans sa guimbarde repeinte en carrosse. Veut-il nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?
Et puis, c’est déjà Mercredi des cendres. Tout rentre dans l’ordre. Certains seront grimés en bwabwa, désignés par la foule comme les perdants de la fête. Ils n’auront pas la chance d’être juchés sur le char de la majesté, le Roi Vaval. Il n’y en aura qu’un seul, dans cette foule avide de clouer au pilori celui qu’elle adorait hier et d’aduler aussitôt un autre candidat, pardon, je veux dire un autre volontaire, pour devenir roi d’un jour.
 

*Mwen ka gadé mas pasé. Toute ressemblance avec une autre élection, ou avec des personnages publics, serait une pure coïncidence. Ba mwen lè pou mwen pasé