Sans surprise, le Sénat, a adopté le projet de loi instaurant le passe vaccinal par 249 voix contre 63, ce jeudi 13 janvier 2022. Quatre dispositions essentielles du texte adopté par les députés une semaine auparavant ont été modifiées. Ce qui a provoqué la réunion d’une commission mixte paritaire pour aplanir les divergences. Faute d’avoir trouvé un consensus, le projet de loi sera discuté une nouvelle fois par l’Assemblée nationale avant son adoption probable.
Le sénateur de Martinique Maurice Antiste a voté contre, sans surprise. Sa collègue Catherine Conconne a voté pour, conformément à ses prises de position sur le sujet. Elle avait déjà voté en faveur de l’instauration du passe sanitaire. De même, elle était favorable à l’obligation vaccinale pour toute la population. Si besoin en était, la sénatrice motive sa décision dans un communiqué.
Elle explique son vote notamment : « (…) parce que la Martinique ne peut continuer à pleurer ainsi, impuissante, la perte de ses enfants ». Elle ajoute plus loin : « (…) parce que le courage politique implique de prendre des positions fermes dans l’intérêt de la société »
Nos élus manquent-ils de courage politique ?
Le courage politique qui manquerait à certains élus parlementaires et locaux, si l’on suit le raisonnement de la sénatrice Conconne. Sinon, comment comprendre les déclarations de certains d’entre eux qui s’opposent à l’obligation vaccinale pour le personnel soignant ? Combien ont clairement affirmé qu’il fallait que ces professionnels soient immunisés contre le SARS-Cov-2 ?
Pourtant, tous nos élus, vu leur niveau de formation, savent pertinemment que pour travailler à l’hôpital, il faut avoir été vacciné contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l’hépatite B. Les plus anciens ont été protégés contre la grippe et la typhoïde. Vu leur niveau d’information, tous nos élus savent parfaitement que la meilleure protection contre le Covid est le vaccin, qu’elle que soit son procédé de fabrication, à partir d’un virus atténué ou de l’ARN-messager.
Où est passée la déontologie politique ?
Ne pas le dire publiquement revient à induire en erreur les plus hésitants et les plus fragiles. Comme nous le confie un médecin sous le couvert de l’anonymat par peur de représailles, les élus politiques de Martinique vont à l’encontre des intérêts de la population quand ils se taisent. Plusieurs d’entre eux se disent favorables à la vaccination, mais opposés à l’obligation pour les professionnels du soin.
Que comprendre, au final ? Ces circonlocutions créent une ambigüité qui gêne les rares élus ayant pris une position claire sur le sujet. Pourtant, il est du devoir des dirigeants politiques de guider le peuple, surtout dans les moments de crise et de doute.
L’approche des élections excuse-t-elle ces manquements à la déontologie politique ? Alors que la Martinique s’enfonce dans une crise morale, il est encore temps pour l’élite politique de parler clairement aux citoyens, en toute confiance, en toute responsabilité.