Cecile Mauduit restaure les oeuvres d'art en Martinique et Guadeloupe

Cécile Mauduit restaure l'oeuvre du plasticien marocain Hamid Moulferdi avant l'exposition en son honneur.
Une mission que la restauratrice serait actuellement la seule à exercer sur les deux territoires. Pourtant la tâche est importante. Rencontre avec une passionnée.

Pinceau en main et yeux rivés sur la toile, on pourrait croire que Cécile Mauduit est en train de créer une oeuvre.

Il n'en est rien, elle est en plein "comblage de lacune". Cela signifie qu'elle applique un vernis avant de peindre avec de la peinture acrylique. 

L'oeuvre en cours de restauration, fait partie de la collection du plasticien originaire du Maroc Hamid Moulferdi qui a subi l'attaque de nuisibles. 

Phase de restauration de l'oeuvre d'Hamid Moulferdi.

 

Il y avait un énorme trou provoqué par les termites qui avaient mangé la toile. Le châssis qui n'existait plus a été changé.

 

Le trou a été comblé avec de la toile puis du mastic et là je passe un vernis qui pourra recevoir l'acrylique. 

 

"Je ne produis pas d'oeuvre d'art, je ne suis pas du tout dans ce travail-là. Je restaure les oeuvres produites par les artistes".

Diplômée des Beaux-Arts,Cécile Mauduit s'est par la suite formée dans des ateliers de restauration parisiens. Riche de ses années d'expérience, elle s'est spécialisée dans la conservation du patrimoine artistique en milieu tropical humide. 

Voir le reportage avec des images de Patrice Chateau-Degat. 

Depuis une trentaine d'années, elle restaure tableaux anciens et contemporains, peintures à l'huile et acrylique, documents graphiques (carte ancienne et moderne), couvertures de livres anciens en Martinique et en Guadeloupe. Un travail nécessitant 10 jours et jusqu'à parfois 6 mois pour une seule toile, en fonction de la dimension de l'oeuvre et des dégâts constatés.  

À ma connaissance je suis la seule à réaliser ce travail en Martinique, ainsi qu'en Guadeloupe donc j'ai beaucoup de travail. 

 

C'est un peu compliqué de faire plaisir à tout le monde quand on ne connaît pas les délais. Ce n'est pas moi qui décide ni le client, c'est le tableau. Par ce climat humide aux Antilles, certaines actions prennent plus de temps. 

Cécile Mauduit regarde son travail sur cette toile d'Hamid.

 

On vit dans un climat qui est néfaste pour les oeuvres d'art. Surtout les supports papier et toiles. Il y a les destructions liées aux champignons, aux insectes, aux mauvaises manipulations. 


Si d'un côté la restauratrice constate une véritable prise de conscience des propriétaires d'oeuvres d'art concernant la conservation et la restauration. De l'autre, elle peine à trouver une relève et transmettre son savoir-faire. 

J'aimerais bien stimuler et avoir dans mon atelier quelqu'un qui s'intéresse vraiment à ce métier.

Pour l'instant cela ne s'est pas encore produit. Mais je ne désespère pas parce qu'il y a du travail à faire pour la conservation des oeuvres d'art ici. 


La restauration est un métier exigeant. Certaines écoles en France hexagonale forment les futurs restaurateurs en quatre ans. Un cursus théorique rythmé par de nombreux stages pratiques.
Cécile Mauduit avoue qu'elle ne cesse d'apprendre tous les jours, tant les matériaux et les techniques évoluent. 

Oeuvres restaurées lors de l'exposition à la Villa Chanteclerc.