Apaiser la colère après le non-lieu sur le scandale du chlordécone : ce sera un moment fort du déplacement de Jean-François Carenco, le ministre des Outre-mer. La colère à laquelle le gouvernement doit porter des réponses s’est largement exprimée depuis le 2 janvier 2022, date de l’ordonnance de non-lieu rendue par les juges d’instruction du pôle Santé du tribunal judiciaire de Paris dans le volet judiciaire de cette affaire. Le collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides, les militants écologistes, plusieurs avocats et des élus politiques ont dénoncé cette décision.
Le ministre des Outre-mer ne la commentera pas, au nom du principe de la séparation des pouvoirs entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire. En revanche, il doit porter des réponses politiques beaucoup plus fortes et beaucoup plus audacieuses que celles déjà données par le gouvernement.
Le Plan Chlordécone-IV est nettement insuffisant pour dépolluer durablement les sols. La transition vers une alimentation saine est balbutiante. Les examens de détection des traces du pesticide dans le sang, la chlordéconémie, sont sous-utilisés. L’indemnisation des victimes directes est aléatoire. Le dédommagement des agriculteurs et pêcheurs n’est pas prévu.
Le ministre très attendu sur un sujet explosif
Le ministre sait parfaitement qu’il est très attendu sur ces sujets et en est parfaitement conscient. Interpellé lors de la séance des questions au gouvernement ce mardi 10 janvier 2022 par le député (Nupes) Jiovanny William sur ce scandaleux non-lieu, Jean-François Carenco a admis : « Il reste beaucoup à faire et le gouvernement le fera ». C’est à ce moment-là qu’il a annoncé son déplacement en Martinique. « J’aurai l’occasion d’en parler avec l’ensemble des acteurs locaux » a-t-il conclu.
Quelques secondes plus tard, le député William lui a répliqué : « Il n’y a pas de paix sans justice. Il n’y a pas de paix sans responsabilité », en reprenant à son compte une déclaration de Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984 pour son combat pacifique contre l'apartheid en Afrique du Sud. Apparemment, le ministre en a pris bonne note.