Lors d’une consultation pour un mal de ventre, le médecin prescrit une batterie de tests à un homme âgé de 57 ans, habitant la commune du François. Il doit également effectuer un dépistage de chlordéconémie.
Le résultat révèle un taux de chlordécone 4 fois supérieur à la normale. Cet homme qui travaille dans la construction n’est pas dans le monde agricole. Il ignore comment il est contaminé.
Aujourd’hui il est suivi par un diététicien. Afin de désintoxiquer son organisme du chlordécone, il doit suivre un strict régime alimentaire. Il faut attendre entre 2 à 6 mois pour que la teneur de chlordécone dans le sang soit réduite de moitié.
Ses 5 proches qui vivent sur le terrain familial sont dépistés. Ils n’ont jamais pensé à faire ce test. Certes la banane a été cultivée sur les terres mais les anciens ont juré qu’ils n’ont jamais fait usage du chlordécone. De surcroît, personne ne travaille dans le milieu agricole à ce jour. Par sécurité, les terres, dont la moitié est boisée, doivent faire l'objet d'un test.
La famille (qui a demandé l'anonymat) attend un peu dans l’angoisse jusqu’au 5 décembre 2022, pour obtenir les résultats des dépistages. Les prélèvements ont été envoyés en France car seul le CHU de Limoges est habilité à détecter ce dangereux pesticide dans le corps.
La question se pose. Pourquoi ne pas transférer cette technologie aux Antilles Françaises où se trouvent les territoires les plus concernés par la pollution au chlordécone ?
C’est grâce à un mal de ventre que cette famille franciscaine découvre une contamination au chlordécone.
Une situation qui concerne beaucoup plus d'habitants de l'île que l'on croit car le taux de dépistage est très faible.
Bilan plan IV chlordécone 2021
C’est aujourd’hui (4 novembre 2022) à Paris, qu’Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé et Jean-François Carenco, ministre délégué au Outre-mer, ont présenté le bilan plan IV chlordécone.
Sur le compte Twitter du ministère chargé des Outre-mer on se félicite de l'annonce d'un investissement 92 millions d’euros dans le dossier chlordécone dont 8,8 millions déjà dépensés pour 2021, année de la première année du plan.
Niveau de dépistage dérisoire en Martinique
Entre novembre 2020 et décembre 2021, on ne dénombre que 3202 dépistages de chlordéconémie dont 16% serait supérieur à la Valeur Toxicologique de Référence interne (VTRI) fixé à 0,4 µg/l. Certaines personnes auraient même un niveau 10 fois plus élevé que le taux acceptable (Source jafamatinik.fr).
À la Martinique plus de 90% de la population serait contaminée par le chlordécone. Mais personne ne se précipite pour se faire tester.
Il convient de rappeler que les laboratoires sont disponibles pour le dépistage en Martinique. Et c’est toujours gratuit pour toute la population.