À quoi sert le sommet mondial annuel sur le climat ? Nombre de participants à la COP 28 se le demandent. La déception et la frustration sont palpables dans les couloirs de la conférence tenue à Dubaï, présidée par un magnat du pétrole. La raison ? L’absence d’un accord ambitieux sur la fin programmée de l’utilisation des énergies fossiles.
Les tergiversations sur la rédaction de la déclaration finale du sommet montrent que huit ans jour pour jour après la signature de l’accord de Paris, le 12 décembre 2015, "l'urgence climatique peine encore à faire consensus" comme le disent nos confrères de France Info. Cette charte a fixé un objectif ambitieux à tous les pays du monde.
Il s’agit de maintenir l’augmentation de la température mondiale moyenne à un maximum de 1 degré et demi à 2 degrés d'ici l’année 2100 par rapport à la période préindustrielle des années 1850. Atteindre cet objectif suppose de réduire de 25% la demande en pétrole, gaz et charbon durant la prochaine décennie.
Les riches restent égoïstes
Ce qui est inconcevable pour les pays ayant construit leur richesse sur ces produits. D’où les difficultés à trouver une formulation acceptable aussi bien pour les pays pauvres, les premières victimes des dérèglements du climat, que pour les pays riches, les plus gros consommateurs de ces types d’énergies.
L’accord trouvé au terme d’une journée supplémentaire de tractations serrées a été qualifié d’historique par plusieurs pays. Il s’agit essentiellement des plus riches. Ils se réjouissent du fait que, pour la première fois dans un sommet de ce type, le texte mentionne la totalité des énergies fossiles. Un enthousiasme modéré, cependant. La plupart des petits États insulaires et de nombreux pays d’Amérique du Sud et d’Afrique ne se réjouissent pas.
La déclaration finale de la COP 28 mentionne une "transition" vers la fin des fossiles, et non pas une "sortie" vers la fin programmée du pétrole, du gaz naturel et du charbon. La planète devra donc "s'éloigner progressivement" des énergies fossiles, et non vers une "sortie sèche."
Un rendez-vous manqué ?
En réalité, la planète se dirige vers un réchauffement de 2,5 à 3 degrés d’ici la fin du siècle, loin des recommandations de la COP 21 de Paris. Il faut s’attendre à des dégâts irréversibles causés aux glaciers du pôle Nord et du pôle Sud, aux forêts de toutes les latitudes et à tous les océans.
Il est vrai que la demande d’énergie continue d’augmenter. Elle suit l’accroissement de la population mondiale. En outre, cette tendance illustre la vision majoritairement partagée sur la planète du développement. Plusieurs pays parmi les plus pauvres souhaitent exploiter et consommer le pétrole. Comme, par exemple, nos voisins du Guyana et du Surinam. Ils possèdent d’immenses gisements dont l’exploitation ne fait que commencer.
Ceci dit, la COP 28 n’aura pas été inutile. Elle aura permis de prendre conscience que l’utilisation généralisée des énergies renouvelables est envisageable. Le Kenya, par exemple,en tire 90% de son électricité. Et les pays d’Afrique vont multiplier par cinq leurs investissements dans ce domaine, beaucoup plus que la moyenne mondiale.
Les pays vulnérables ne vont pas renoncer
Un autre motif de satisfaction à ce sommet est le renforcement de la solidarité active entre les pays les plus vulnérables aux changements du climat. Plus de 40 d’entre eux sont rassemblés au sein de l’Aliiance des petits États insulaires, qui pèse désormais dans les négociations diplomatiques multilatérales.
Preuve en est, c’est ce groupe qui a poussé à la mise en place du Fonds Pertes et Dommages. Ce dispositif géré par la Banque mondiale est destiné à financer les travaux de réparations des dégâts provoqués par l’élévation des températures et ses conséquences.
Tout n’est donc pas à rejeter à l’issue de la COP 28. Il vaut mieux se parler, quitte à ne pas tomber d’accord, que s’ignorer et ne pas se comprendre du tout. Surtout à ce moment clé de l’histoire où l’avenir de l’humanité n’a jamais été aussi incertain.