Colère des agriculteurs : le préfet de Martinique porte-parole des professionnels de l'île

Une quarantaine d'agriculteurs reçus en préfecture
Comme ses collègues des autres régions, le préfet de Martinique Jean-Christophe Bouvier est en première ligne pour le Gouvernement face aux agriculteurs mécontents. Une délégation était reçue en fin d'après-midi (mardi 30 janvier) en préfecture. L'objectif était de recenser leurs difficultés.

"Nous ne savons pas comment faire venir des jeunes pour prendre la relève, car nous ne sommes pas accompagnés", c’est par cette déclaration que commence le témoignage de Ruidice Ravier.

Elle arrive de Ducos et depuis 40 ans elle cultive la terre. Ce soir, elle porte la voix de la SICA des maraîchers de Martinique, soit 150 agriculteurs du Sud de l'île.

"Nous sommes des laissés pour contre, on ne sait pas à qui s'adresser, nous n’avons pas d'interlocuteurs pour nous guider".

Ruidice Ravier maraichère depuis 40 ans

Trouver une solution au désarroi de Ruidice, c’est l’objectif de cette première grande rencontre avec une quarantaine d'agriculteurs tous secteurs confondus.

Du jeune agriculteur, au planteur de canne jusqu'à l'apiculteur, tous ont été invités à exprimer leurs doléances. En première ligne, pour le Gouvernement, le préfet Jean-Christophe Bouvier. Il fixe le calendrier : "les doléances doivent remonter à Paris pour le 6 février. Ce que vous ressentez, nous le ressentons aussi. Mon souhait c’est que nos échanges soient faits en toute en transparence".

Alléger les procédures

À l’unanimité, les agriculteurs réclament une harmonisation entre l’État et la CTM. Pour les aides européennes chacune des institutions a son pré carré depuis le 1er janvier, "il n'y aurait plus de conflit de compétence", précise le préfet. Néanmoins, les procédures sont difficiles à mettre en place. La création d’un guichet unique entre les deux entités pour faciliter les démarches serait une solution pour un accès facile aux aides.

L'illectronisme des agriculteurs

Autre idée forte, l’accompagnement des agriculteurs pour accomplir les tâches administratives. Les plates-formes informatiques ont pris le dessus sur les échanges entre les administrations et les agriculteurs et ces derniers ne peuvent pas suivre. "Un travail de proximité est à mettre en place à l’instar des annonces du Premier ministre sur la "débureaucratisation" des services de l’état" estime l'assemblée.

Le parcours du combattant des jeunes agriculteurs

Aujourd’hui des jeunes préfèrent commencer sans aides car c’est un parcours du combattant pour s'installer. L'accès au foncier est un premier obstacle, ensuite il y a son désenclavement. " Le parcours de l'installation peut durer 2 ans, voir 4 ans. Il faut trouver comment réduire le temps de ces délais administratif".

Pour Marc-André Pastel, représentant des Jeunes Agriculteurs, sur 300 porteurs de projet, une centaine arrive à s'installer sans aides. Cela pour éviter les lenteurs des procédures administratives. "À long terme, sans aide, l'activité n'est pas pérenne".

Le prefet de Martinique face aux agriculteurs

La feuille de route du Premier ministre

En tout, 28 points pour simplifier les procédures sont à décortiquer afin de proposer des solutions au Gouvernement. Elles seront portées par le préfet et ses services le 6 février. C'est la feuille de route fixée par le Premier ministre, sur les simplifications attendues pour alléger la vie des agriculteurs martiniquais. Plusieurs annonces issues de ces échanges sont prévues par le gouvernement au moment du salon de l’agriculture et même au-delà.

Je pense que la crise actuelle peut justifier que ces demandes soient mieux défendues et portées avec la CTM et avec tous les services qui doivent connaître les difficultés des agriculteurs.

Jean-Christophe Bouvier

Préfet de Martinique

Si l’ambiance hier soir était plutôt studieuse et le préfet à l’écoute, les agriculteurs n’ont pas pour autant baissé la garde.

Certains estiment être en situation de survie… À l’instar des planteurs de banane de Banamart, reçus en amont de cette réunion. Ils n’ont pour l’instant rien obtenu à leurs demandes, notamment pour la mise en place d’un arbitrage ministériel pour un plan de "sauvetage de la filière". Pour eux le dialogue semble rompu avec l’État. Ils ont l’impression "d’être menés en bateau et que l’État fait tout pour laisser pourrir la situation." Selon Jean-Christophe Bouvier, les réponses ne vont pas tarder.