Comment gérer psychologiquement le passage d’une tempête ou d’un ouragan ?

Arbre tombé devant une maison pendant la tempête Bret en Martinique.
L'arrivée d'un cyclone n'est pas un évènement anodin. Des vents violents, une mer aux flots déchaînés ou des pluies diluviennes peuvent générer une dose de stress difficile à gérer pour une partie de la population.

Lors du passage de la tempête tropicale forte Bret dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 juin 2023, de nombreux auditeurs ont pu profiter de l'antenne radio ouverte afin de partager leurs craintes. Une solution comme une autre pour tenter de gérer la pression psychologique engendrée par ce phénomène naturel.

Nous avons posé trois questions sur cette gestion psychologique, à la psychologue Cedrine Ouka.

Est-ce que l'arrivée d'un cyclone peut représenter un stress ?

C'est quelque chose d'inattendu. Même si l'on sait que l'on vit sur une île et que ça fait partie des risques possibles, cela reste un danger et donc un stress.

Quels sont les effets possibles ?

Les personnes peuvent avoir des comportements et des réactions face au stress qu'elles n'auront pas forcément de manière habituelle. Quand le stress arrive, l'instinct de survie est enclenché. Notre régulateur est moins efficace. Comme ce que nous avons vu ces derniers jours par exemple. Une personne qui achète six packs d'eau sans savoir si le phénomène va vraiment nous intéresser. Des comportements qui rassurent, pour être sûr de ne manquer de rien.

Cela peut aussi déclencher des troubles du sommeil, des hypervigilances.

Comment peut-on y remédier ?

Chaque personne aura sa manière de réagir et il n'y a pas vraiment de bonnes manières de calmer ou canaliser son stress.

Nous avons tendance à préparer la saison cyclonique souvent vers juin ou juillet. Il faudrait peut-être la préparer plus tôt. Avoir un stock de survie, un kit également en prévention d'une éventuelle catastrophe naturelle. C'est quelque chose que l'on doit préparer, conscientiser et ne plus regarder avec le spectre de l'urgence.
Ce qui entraîne les réactions démesurées et donc l'instinct de survie, c'est surtout parce que l'on a l'impression d'être dans l'urgence.
Ce stress ramène à des peurs de manquer, à des images que l'on a pu voir, notamment à Saint-Martin, Sainte-Lucie, les îles voisines. Certains ont en tête Hugo, en se disant "si jamais" et "si, au cas où".
Si l'on se prépare un peu plus tôt, la manière de réagir quand l'évènement va arriver sera moindre. L'on aura une manière de le vivre émotionnellement moins forte que si l'on traite une urgence.

C'est très individuel

Le fait d'appeler la radio ou un proche pour dire "j'ai peur" est une réaction normale et il ne faut pas hésiter. Cela permet d'exprimer quelque chose.

C'est vrai qu'il vaut mieux être en famille ou accompagner, ne pas être seul. La réaction de peur peut être partagée. Je me rappelle, pour le phénomène Dean, nous l'avons vécu en famille. Nous étions en train de jouer aux cartes. À ce moment nous n'arrivions pas à dormir. Mais quand nous sommes entourés, cela permet de faire passer le stress.