Comment lutter contre le réchauffement du climat tout en exploitant le pétrole ?

Industrie du pétrole (illustration).
La COP 28 à Dubaï est bien lancée. Plus de 8 000 personnes, un record, participent à ce sommet mondial du climat qui doit, en théorie, confirmer les décisions prises pour limiter l’augmentation des températures sur le globe dont l’exploitation du pétrole est la cause principale. Mais est-ce si simple ?

Indispensable pétrole ! C’est l’expression qui vient à l’écoute des déclarations d’intention des chefs d’État présents à la COP 28. Tous s’entendent sur un constat : l’exploitation du pétrole est à l’origine directe du rejet dans l’atmosphère de gaz provoquant le réchauffement du climat, avec le charbon et le gaz naturel.

Au-delà du constat, les dirigeants du monde prétendent chercher des solutions pour limiter l’utilisation des hydrocarbures. Sans pétrole, pas d’énergie pour l’industrie, de carburants pour les transports, d’engrais pour l’agriculture maximaliste, de combustible pour la climatisation et l’électricité.

C’est là qu’intervient la realpolitik, traduire le pragmatisme et les concessions. Les climatologues, les écologistes et les citoyens conscients attendent du sommet mondial sur le climat des engagements aussi fermes que ceux pris lors de l’accord de Paris de 2015 et des précédentes éditions de la COP.

Des intentions invalidées par la réalité prosaïque

Tous les dirigeants du monde ont toujours convenu qu’il est impératif de plafonner à 2 degrés l’augmentation de la température mondiale d’ici à l’année 2100, l’idéal étant 1,5 degré. Les chefs des États de tous les continents donnent raison en chœur aux climatologues, glaciologues, géologues et géographes. 

Les permis d’exploration des puits de pétrole offshore sont toujours délivrés. L’exploitation des gisements ne faiblit pas. Et pire, alors que l’on prédisait la fin du pétrole dans le prochain demi-siècle, ne voilà-t-il pas qu’il semble redevenu une valeur sûre.

En Amérique du Sud, le Surinam et le Guyana sont en train de devenir des spots extrêmement prometteurs. Logique, le Brésil voisin l’est déjà depuis quelques années. Vu l’accroissement continu de la demande, il va sans dire que les gouvernements de ces pays situés à côté de la Guyane misent sur la manne pétrolière pour vaincre la pauvreté et sortir du sous-développement.

Le pétrole a de beaux jours devant lui

TotalEnergies ne s’y est pas trompé. La multinationale française va investir plus de 8 milliards d’euros au large du Suriname. Manière de contrer la présence de concurrents américains et chinois présents au Guyana.

TotalEnergies investit aussi en Ouganda, en Afrique de l’est. Un oléoduc transfrontalier de 1 400 kilomètres de long amènera le pétrole extrait des profondeurs du lac Albert jusqu’au port de Tanga, en Tanzanie. Le projet a toutes les chances d’aboutir, même s’il est contesté en justice par des ONG en raison du déplacement forcé de populations et des dégâts environnementaux prévus.

Ces quelques exemples montrent la contradiction, entre la lutte contre le réchauffement du climat dont l’exploitation du pétrole est grandement responsable, et le caractère indispensable de cette énergie fossile dans plusieurs pays, pauvres ou riches.