La controverse sur le drapeau martiniquais rebondit

Le drapeau rouge-vert-noir est revendiqué par les nationalistes.
Quel drapeau pour la Martinique ? Le débat refait surface, après l’action-éclair de militants ayant accroché l’emblème rouge, vert et noir sur deux mâts à l’entrée de la ville de Sainte-Anne samedi 14 octobre. Une question en écho à la controverse sur l’indépendance de la Catalogne.
Ainsi, le drapeau tricolore rouge-vert-noir a réapparu à Sainte-Anne. Une opération commando du "Comité Drapeau", des militants inspirés par Garcin Malsa. Il a été en son temps le seul maire à oser arborer cet emblème sur la façade de l’hôtel de ville de la commune qu’il administrait.
 
Opération symbolique destinée à ouvrir un débat sur la vision que nous avons de nous-mêmes. Un geste provocateur, en hommage à l’inventeur de ce drapeau, Victor Lessort, militant de l’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique. En décembre 1962, les militants de l’OJAM avaient placardé dans toutes les communes un manifeste réclamant l’émancipation. Dix-huit d’entre eux ont été arrêtés parmi lesquels treize ont été emprisonnés et cinq condamnés.
 
Réinstaller le drapeau rouge-vert-noir dans l’espace public n’est pas neutre. Un geste intervenant en pleine controverse sur l’indépendance de la Catalogne. De l’extrême-gauche à la droite, plusieurs formations politiques de cette région réclament la séparation d’avec l’Espagne. Une lutte renvoyant l’écho des relations conflictuelles entre les Catalans et la royauté de Madrid depuis le 12ème siècle. Les Basques, eux aussi, voudraient élargir leur autonomie au sein d’un État déjà largement décentralisé.
 
La Catalogne n’est pas la seule région d’Europe aspirant à la souveraineté d’État. L’Écosse, la province la plus riche de Grande-Bretagne ou la Flandre, son homologue de Belgique, sont au diapason. Là aussi, la puissance économique et le rappel de contentieux lointains constituent le moteur de la revendication souverainiste.
 
Ceci étant, il n’y a aucune commune mesure entre l’indépendantisme catalan, basque, écossais ou flamand et l’indépendantisme martiniquais.  
Il est évident que les situations historiques ne sont pas comparables. Et que les rêves, s’ils sont libres, n’ont pas forcément le même pouvoir de devenir réalité, selon que l’on soit ici ou là-bas.