Coronavirus : le cri d'alarme des personnels de santé du Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM)

Couloir de l'hôpital public (image d'illustration).
Ce jeudi matin (2 avril 2020) des soignants du CHUM ont exercé leur droit de retrait. Cette action visait à dénoncer, entre autres, le manque de matériels pour les personnels en lien direct avec les patients Covid. La réponse des autorités n'est pas suffisante à leurs yeux.
Blouses, gants, masques, tablier, visière... l'équipement des personnels soignants chargés de soigner les patients atteints de coronavirus, sont bel et bien présents mais en nombre dangereusement insuffisant, dénoncent les syndicats de la santé. Ainsi, comme annoncé hier, (mercredi 1er avril 2020), ils ont effectué une opération syndicale au CHUM ce jeudi matin (2 avril 2020). 


Un rassemblement qui n'a pas mobilisé un grand nombre de personnels soignants : covid oblige


L'intersyndicale appelait en effet à un rassemblement dans le Hall et dans l'allée principale de l'hôpital Pierre Zobda Quitman à Fort-de-France. Seule une poignée de militants (une petite vingtaine) surtout a répondu à l'appel. Les personnels de santé, hors unité Covid-19, n'ont pas eu le coeur de laisser leur poste en cette période de crise sanitaire.

La CGTM santé avait prévenu. Le syndicat avait émis, dans son communiqué en date du mercredi 1er avril 2020, des réserves quant à ce regroupement considéré comme étant dangereux face à l'épidémie de coronavirus qui sévit en ce moment en Martinique.


Les revendications


L'intersyndicale réclame des matériels médicaux urgents pour les personnels soignants en première ligne face au patients atteints de Covid 19. Des surblouses, des tabliers, des masques, des visières, des charlottes, ainsi que des gants, des lunettes et des respirateurs en grande quantité.

Les syndicats ainsi regroupés demandent également des matériels de protection pour les autres services aujourd'hui manquant cruellement de masques, gants...


Rendez-vous à la préfecture


Ce matin à 10h30, une réunion a eu lieu entre l'intersyndicale, le préfet, l'Agence Régionale de Santé (ARS et la direction du CHUM. Les discussions se sont poursuivies jusque dans l'après-midi. Preuve que la situation est délicate.

L'intersyndicale a d'abord exprimé son inquiétude quant à notre insularité et ses conséquences dans la gestion de la crise sanitaire que nous vivons ces jours-ci.

Selon les syndicats, la réponse des autorités (Préfecture, ARS, direction du CHUM) n'a pas été de nature à les rassurer. "Réponses imprécises, ils semblent dans le flou en attendant les ordres des ministères".
Pourtant, une livraison de matériels médicaux est annoncée (pour demain vendredi 3 avil). "De quoi tenir 2 ou 3 jours, une semaine maximum" objectent les syndicats.


L'angoisse des professionnels de santé face au manque de matériels médicaux


Sur la question des masques, c'est la gorge serrée que la représentante de la CGTM nous livre son inquiétude. Il y a un manque crucial de masques et de blouses. L'intersyndicale lance donc un appel aux couturières martiniquaises afin qu'elles fabriquent le plus de masques en tissu possible pour leur venir en aide. Idem pour les blouses.

De leur coté, les autorités (Préfecture, ARS, CHUM) ont tenté de rassurer avec l'arrivée prévue de 100 000 masques chirurgicaux et FFP2. Les FFP2 seront uniquement dédiés aux personnels soignant en lien direct avec les plus malades. Les autres seront répartis entre les services.

Sur les tests, "la capacité en dépistages du CHUM est alarmante" dit l'intersyndicale. Réponse du préfet: "Nous avons reçu un automate. Celui-ci doit être mis en place par un technicien. En attendant nous sommes en lien avec deux laboratoires privés pour augmenter le nombre  des dépistages. L'échéance est fixée à la première quinzaine d'avril".

La dessus l'intersyndicale a demandé que soient systématiquement dépistés tous les services à risque. Aujourd'hui seuls les soignants ayant développé les symptômes sont testés.

Quant aux respirateurs, une centaine est actuellement au CHUM. 30 machines supplémentaires ont été reçues mais elles seront partagées entre la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane. 

Pour s'assurer d'obtenir ces renforts de matériels et de personnels de santé, l'intersyndicale a également appris au cours de la réunion de ce jour en préfecture, que les autorités négocient en ce moment une rotation aérienne par jour afin d'assurer plus facilement l'approvisionnement.


Les médecins cubains et le Dixmude


L'aide des médecins cubain est en cours. Les autorités ont demandé 16 médecins par décret exceptionnel. Avec leurs diplômes et sans passer par la commission (ndlr : d'embauche) ils seront embauché pour 2 mois renouvelables.

Pour le dixmude : "l'hélicoptère dont nous disposons actuellement est exigu. Il n'est donc pas adapté au transport des malades et soignants trop proches les uns des autres", expliquent les autorités.

Les hélicoptères acheminés par le Dixmude sont donc plus grands. Néanmoins, le navire militaire attend toujours que les autorités lui envoient le détails précis de ce dont les équipes médicales ont besoin en Martinique.

Le souhait de l'intersyndicale est de faire également du Dixmude un petit secteur de réanimation au cas où le CHUM serait surchargé. Ce qui n'est pas le cas pour le moment.