Cuba reconnaît des avancées très discrètes avec les Etats-Unis

Des personnes dans un bateau de fortune avec le drapeau américain peint sur sa coque sont capturées par les garde-côtes cubains, vus de la digue du Malecon à La Havane, Cuba, le lundi 12 décembre 2022. (AP Photo/Ramon Espinosa)
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a reconnu des "avancées très discrètes" en matière de coopération avec les Etats-Unis, en particulier dans le domaine migratoire, malgré la persistance de l'embargo américain contre l'île. Déclaration faite mercredi 14 décembre 2022 lors de la présentation de son bilan devant le Parlement.

Cuba connait actuellement une forte vague d'émigration. En un an, 220 000 Cubains ont quitté l'île et sont entrés irrégulièrement aux États-Unis, soit plus de 2 % de la population.

Cette poussée migratoire s'explique par la gravité de la situation économique. La population fuit les pénuries et la crise économiques.

En 2022, les Etats-Unis ont délivré 20.000 visas à des Cubains, selon des accords passés entre les deux pays en 1994, mais restés lettre morte ces dernières années a précisé le président cubain Migual Diaz-Canel lors de la présentation de son bilan devant le Parlement.

"Nous avons fait des avancées très discrètes visant à mettre la coopération bilatérale sur la voie de l'exécution des accords migratoires et également dans d'autres domaines prioritaires entre les deux pays. Mais la caractéristique fondamentale et qui définit notre relation bilatérale demeure l'embargo économique, en vigueur depuis 1962,

Miguel Diaz-Canel président de Cuba

Washington et La Havane ont repris en 2022 des discussions concernant le thème migratoire sur fond d'émigration record de Cubains, en particulier à destination des Etats-Unis.
L'ambassade américaine à La Havane doit reprendre normalement en janvier la délivrance de visas après presque cinq ans d'interruption. Le service a été relancé en mai, mais de manière limitée.
Le président cubain a souligné mercredi l'aide technique fournie par les Etats-Unis en août lors du vaste incendie ayant ravagé un dépôt de combustible à Matazas (centre) et les deux millions de dollars d'aide offerts par Washington après le passage de l'ouragan Ian qui avait dévasté une partie de l'île en septembre.
"Cette aide a été offerte sans conditions", a souligné le président cubain.
Il a cependant accusé Washington de promouvoir "ouvertement une politique de subversion" et des "tentatives de destabilisation" de son pays.
L'administration du président démocrate Joe Biden a maintenu les 243 mesures coercitives adoptées contre Cuba par son prédécesseur républicain Donald Trump (2017-2021), dans une politique de "pression maximum" contre l'île, a dénoncé le chef de l'Etat.
Le président cubain a par ailleurs reconnu que 2022 a été "une année particulièrement compliquée" pour l"île en raison de l'embargo américain, la crise internationale et "notre propre impéritie et nos erreurs".
"Je ressens une énorme insatisfaction de ne pas avoir été capable d'obtenir à la tête du pays les résultats dont a besoin le peuple cubain pour atteindre la prospérité tant attendue et espérée", a-t-il déclaré, autocritique.
M. Diaz-Canel a dit espérer que 2023 soit "une meilleure année". "Mais pour y parvenir, il faut plus qu'un plan global, il faut secouer l'inertie, bannir la bureaucratie, éliminer les obstacles et surmonter la complaisance", a-t-il ajouté.