La commémoration des émeutes du 20 au 22 décembre 1959 à Fort-de-France est l’occasion, chaque année, de s’arrêter sur ces événements tragiques, désormais bien documentés. Une initiative méconnue des élus de l’époque mérite de s’y arrêter.
Près de 60 ans plus tard, que pouvons-nous retenir des émeutes de Fort-de-France de décembre 1959 ? Le rapport de la commission d’historiens présidée par Benjamin Stora, publié il y a deux ans, révèle quelques précisions sur le déroulement de ces événements, connus dans ses grandes lignes.
À partir d’un accident mineur de la circulation entre un automobiliste français et un scootériste martiniquais, la ville s’embrase. Le bilan est lourd. La police tue trois jeunes manifestants : Julien Betzi (19 ans), Edmond Eloi, dit Rosile (20 ans), Chistian Marajo (15 ans). Le couvre-feu est instauré. Le jour, la ville vaque à ses occupations. Le soir, elle est la proie de la guérilla urbaine.
Au-delà de ce drame, un fait politique majeur mérite l’attention. La résolution votée à l’unanimité du Conseil général suscite la réflexion. Le calme revient peu à peu. Les forces politiques contestataires du système ne parviennent pas à canaliser le mouvement de révolte, ou ne le souhaitent pas. Les dirigeants du Parti communiste et du Parti progressiste assistent en spectateurs aux événements.
Le calme revenu, le 24 décembre, le Conseil général se réunit en session extraordinaire. Ses élus, toutes tendances confondues, exigent "que des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le statut de la Martinique en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises".
Elle aurait pu être écrite aujourd’hui, convenons-en. Or, nous sommes à l’époque du général de Gaulle. Le président de la République ne veut absolument pas se débarrasser des départements d’outre-mer. La motion reste lettre morte, bien entendu. Le pouvoir central renforce sa mainmise sur les affaires locales. Les élus sont marginalisés par le préfet, quand ils ne sont pas méprisés.
Le clivage s’accentue entre la droite assimilationniste et la gauche autonomiste. D’un côté, ceux qui veulent renforcer nos liens avec l’État. De l’autre, ceux qui souhaitent accroître la responsabilité locale. Six décennies plus tard, l’assimilation est devenue une doctrine obsolète, mais l’autonomie est loin d’être acquise. À croire que les élus de décembre 1959 étaient en avance sur leur époque.
À partir d’un accident mineur de la circulation entre un automobiliste français et un scootériste martiniquais, la ville s’embrase. Le bilan est lourd. La police tue trois jeunes manifestants : Julien Betzi (19 ans), Edmond Eloi, dit Rosile (20 ans), Chistian Marajo (15 ans). Le couvre-feu est instauré. Le jour, la ville vaque à ses occupations. Le soir, elle est la proie de la guérilla urbaine.
Trois jours et trois nuits de troubles
Au-delà de ce drame, un fait politique majeur mérite l’attention. La résolution votée à l’unanimité du Conseil général suscite la réflexion. Le calme revient peu à peu. Les forces politiques contestataires du système ne parviennent pas à canaliser le mouvement de révolte, ou ne le souhaitent pas. Les dirigeants du Parti communiste et du Parti progressiste assistent en spectateurs aux événements.
Le calme revenu, le 24 décembre, le Conseil général se réunit en session extraordinaire. Ses élus, toutes tendances confondues, exigent "que des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le statut de la Martinique en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises".
Une motion restée dans un tiroir
Elle aurait pu être écrite aujourd’hui, convenons-en. Or, nous sommes à l’époque du général de Gaulle. Le président de la République ne veut absolument pas se débarrasser des départements d’outre-mer. La motion reste lettre morte, bien entendu. Le pouvoir central renforce sa mainmise sur les affaires locales. Les élus sont marginalisés par le préfet, quand ils ne sont pas méprisés.
Le clivage s’accentue entre la droite assimilationniste et la gauche autonomiste. D’un côté, ceux qui veulent renforcer nos liens avec l’État. De l’autre, ceux qui souhaitent accroître la responsabilité locale. Six décennies plus tard, l’assimilation est devenue une doctrine obsolète, mais l’autonomie est loin d’être acquise. À croire que les élus de décembre 1959 étaient en avance sur leur époque.