De janvier à mai 2024, en Martinique, 17 noyades en mer ont été comptabilisées. Selon les données du Service territorial d’Incendie et de Secours (STIS) de Martinique, les victimes sont généralement des touristes âgés de plus de 65 ans, ayant fait un malaise après un choc thermique. Le 26 novembre dernier, la houle de la plage du Diamant a engendré deux nouveaux décès. Dans cette commune, 90% des noyades surviennent entre la plage de Dizac et le début de l’Anse Caffard. Un spot particulièrement à risque, mais il n’est pas le seul en Martinique.
Des risques potentiels sur toutes les plages
Selon Philippe Chabalier, patron de la station des sauveteurs en mer du Marin, toutes les plages sont potentiellement à risque suivant les conditions météorologiques.
La houle vient habituellement de l’Est donc on a l’habitude que la côte atlantique y soit plus soumise. Mais on a vu avec Béryl que la houle est également venue sur la côte caraïbe, ce qui a soumis des plages qui sont d’habitude très sécurisées à des éléments qui les ont rendues dangereuses.
Philippe Chabalier, patron de la station des sauveteurs en mer du Marin
Les plages de Martinique où il y a le plus d’interventions des secours
Il y a néanmoins des endroits où les sauveteurs interviennent de manière récurrente du fait des courants particulièrement dangereux, notamment :
- la plage du Diamant,
- le secteur au-dessus du Carbet et Grand’Rivière,
- la côte atlantique, entre l’îlet Cabrits et au-dessus du Vauclin,
- le Nord Atlantique,
- les Salines,
- l’Œil Bleu à Sainte-Anne, un sport strictement interdit à la baignade,
- la plage de l’Anse Trabaud,
- la plage du Cap Macré.
Risques de noyade : les bonnes pratiques
Dans ce cas, faut-il interdire la baignade sur ces plages ? En ce qui concerne le Diamant, le maire de la commune Hugues Toussay, interviewé par Franck Edmond-Mariette, explique :
Au niveau de la réglementation et de la législation, on met des panneaux d’affichage de "baignade non surveillée" parce que peu de personnes savent qu’en mettant "baignade dangereuse", cela induit automatiquement la fermeture de la plage et l’interdiction de la baignade. Et c’est quand même un site touristique, nous avons un club de surf sur la plage… Même au niveau des Diamantinois, il serait impensable d’interdire la baignade sur le Diamant.
Hugues Toussay, maire du Diamant
Selon lui, la solution repose davantage sur la sensibilisation de la population, et notamment celle venant de l’extérieur.
Et en matière de prévention contre les noyades, Philippe Chabalier donne les règles principales à respecter :
- prendre connaissance de la météo et respecter les avis de vigilance qui sont donnés,
- prévenir ses proches quand on va à la plage seul ou en petit comité, pour qu’une absence prolongée puisse poser question et amener à alerter,
- éviter d’aller dans l’eau quand on est fatigué,
- ne pas trop s’éloigner du bord et prêter attention au balisage sur la zone des 300 mètres sur certaines plages.
L’absence de surveillance des plages de Martinique, "un gros problème"
Si ces règles constituent une bonne base, elles ne sont pas suffisantes selon la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM), qui déplore l’absence de surveillance de la quasi-totalité des plages en Martinique.
C’est un gros problème parce que ce n’est pas comme dans l’Hexagone, avec des plages utilisées entre 3 et 4 mois dans l’année. Nous, c’est toute l’année et c’est vraiment dommageable, pour les Martiniquais d’abord, de ne pas avoir de plages qui soient surveillées. C’est un gros dossier sur lequel on a déjà interpellé les pouvoirs publics. Il va falloir qu’on avance là-dessus en Martinique, pour sécuriser les baignades et les plages, pour tous les baigneurs, qu’ils soient touristes ou résidents.
Philippe Chabalier, patron de la station des sauveteurs en mer du Marin
En 2023, 30 cas de noyade ont été répertoriés en Martinique : 21 en mer et par hydrocution, et 9 en piscine.