Didier Laguerre et Francis Carole réagissent aux violences urbaines à Fort-de-France

Des barricades, composées de vhu et d'encombrants, sont érigés sur l'avenue Maurice Bishop.
Didier Laguerre et Francis Carole connaissent bien les réalités de Fort-de-France. L’un en est le maire depuis une décennie, l’autre y a exercé les fonctions de conseiller général et municipal. Quel est le regard de ces deux hommes politiques sur les faits qui embrasent le quartier de Sainte-Thérèse depuis plusieurs nuits consécutives ?

D’emblée, le maire de Fort-de-France affiche ses positions de principe. Et indique ses espoirs.

 

''Je condamne et continuerai à condamner l’usage de la violence, quelle que soit la cause. La violence n’est pas un moyen de régler les problèmes. Dans l’intérêt supérieur du peuple martiniquais, on doit pouvoir construire ensemble une solution martiniquaise pour régler le problème de la vie chère.'' Didier Laguerre, interrogé par Pierre-Yves Honoré

Un premier magistrat qui, par ailleurs, souligne des constats faits par une part peut-être importante de Martiniquais.  

 

''Des violences, une prise en otage de la population, des populations qui paient déjà un lourd tribut à la vie chère et qui devront racheter un véhicule pour se déplacer, aller au travail ou emmener leurs enfants à l’école.''

A écouter Didier Laguerre, la recherche à la fois d’un apaisement durable dans le quartier et d’une mobilité retrouvée des habitants constitue une priorité absolue. Avant toute considération financière.

 

''Ma préoccupation est de trouver les moyens d’un dialogue constructif, pour sortir de cette impasse et cette situation de tension. Ensuite viendra le moment de l’évaluation des dégâts, puis de savoir qui les paie. Pour l’instant il s’agit de rétablir un minimum de capacité de déplacement et d’accès aux soins pour les personnes.''

Les voies du TCSP sont bloquées.

Pour Francis Carole, les personnes qui commettent les dégradations et délits de ces derniers jours n’ont pas des profils homogènes.

 

''Il y a là un mélange de révolte d’une jeunesse par rapport au système en place, de révolte de jeunes par rapport à la situation qu’ils vivent et des personnes qui sont peut-être liées à une certaine pègre, qui profitent aussi de cette situation.'' Francis Carole, interrogé par Mike Irasque

Selon l’ancien conseiller général et municipal, ces agissements expriment une forme de ‘’révolte’’. Mais une révolte dont certaines caractéristiques sont, pour Francis Carole, apparues ces dernières années.

 

''Par le passé on a connu des révoltes de jeunes, mais qui ne s’en prenaient pas nécessairement aux biens publics, aux magasins. Aujourd’hui la visée est de s’en prendre à des espaces de consommation.''

A écouter Francis Carole la tentative d’apaiser cette crise doit passer par des champs précis. Pour l’homme politique en effet, certains risques dépassent très largement le seul cadre de l’Avenue Maurice Bishop et de Sainte-Thérèse.

 

''La réponse est globale. A la fois politique, économique, sociale, sociétale, éducative, etc. Car le risque est que finalement cette situation profite à certains, dans un contexte où la Martinique est devenue une plateforme de vente de la drogue, de l’Amérique du Sud vers l’Europe. C’est donc un contexte assez nouveau, qui crée une situation dangereuse.''

Le couvre-feu décidé ce mercredi 18 septembre par le préfet permettra-t-il une première nuit apaisée ?Les prochaines heures le diront.