Discorde entre la mairie du Carbet et la distillerie Neisson en Martinique… à cause de la rénovation d’une route communale

Le chemin de la discorde entre la mairie du Carbet et la direction de la distillerie Neisson (août 2024).
Le bras de fer continu entre la mairie du Carbet et les responsables de la distillerie Neisson, implantée dans la ville. L’objet de la discorde concerne la rénovation d’une route située à proximité de la rhumerie. La municipalité a engagé des travaux de consolidation en béton, ce qui serait nuisible pour la plantation voisine de cannes AOC de l’usine d’après les propriétaires. Un expert a été mandaté par le Tribunal Administratif.

C’est une route communale en train d’être cimentée à proximité de l’usine Neisson qui pose problème aux propriétaires de la rhumerie la plus récompensée de Martinique.

Ce qui est entrepris au-dessus de la distillerie, c’est l’élargissement d’un chemin passant de 2m 50 à 4m 50, donc ça ne peut être fait qu’aux dépends des parcelles Bio et AOC. Et par ailleurs ça me pose un gros problème de sécurité, puisque ce chemin est au ras de mon chai de rhum.

Claudine Neisson-Vernant, propriétaire de la distillerie du Carbet

(au micro de Marc-François Calmo)

Les travaux engagés sur le chemin communal jouxtant la distillerie (août 2024).

Un "chemin communal"

Mais le maire, Jean-Claude Ecanvil, n’entend pas abandonner le chantier déjà engagé sur ce "chemin communal" rappelle-t-il. Ce passage servira de raccourci pour des riverains installés en aval de l’usine (au sortir du Carbet en direction de Bellefontaine), au quartier Belfond, " environ une centaine" ; mais aussi pour les futurs habitants qui désirent s'installer dans ce lieu.

Il y a des procédures légales que nous respectons (…). Je crois aussi qu’il est nécessaire d’aller de l’avant et le Carbet va de l’avant. ll faut que tous les partenaires comprennent. Les autres solutions que propose Madame Neisson sont trop onéreuses pour que la commune puisse s’engager.

Jean-Claude Ecanvil, 1er magistrat du Carbet

(au micro de Marc-François Calmo)

L’État s’en mêle

La direction de l’usine a donc saisi les autorités administratives afin d’exprimer ses inquiétudes et un expert a été mandaté par le Tribunal Administratif.

L’I.N.A.O (Institut National des Appellations d’Origine), soucieux de la préservation des terres classées AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) a interpellé l’Etat à son tour. Une nouvelle réunion en présence de l’expert et de toutes les parties prenantes s’est tenue le mardi 6 août 2024, "afin d’évaluer l’état du chantier et de constater l’impact des travaux sur l’environnement".

Avec la pose de tuyaux de diamètre important, les eaux pluviales se déversent directement sur les parcelles AOC plantées en canne à sucre en contrebas. Des débris de ciment et autres déchets y ont été projetés. Par ailleurs, la pose de canalisations côté distillerie impliquera la destruction d’une partie de rochers. Or ceux-ci sont fragiles et friables étant composés de roches volcaniques, sur lesquelles repose la colline située en amont des chais.

La direction du Domaine

Les conclusions du rapport d’expertise sont attendues dans le courant du mois d’août.