Le "Discours sur le colonialisme" d’Aimé Césaire demeure valide, 70 ans plus tard

Aimé Césaire né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France. Homme politique Martiniquais, écrivain, poète, dramaturge, essayiste, et biographe.
Quelques jours avant son 37e anniversaire, en 1950, Aimé Césaire publiait son célèbre essai "Discours sur le colonialisme". Un livre qui reste d'actualité.
 
"L’Europe est indéfendable" écrit Aimé Césaire dans son premier essai politique majeur, "Discours sur le colonialisme". Nous sommes en 1950. Il a 37 ans. Il est député de Martinique et maire de Fort-de-France depuis cinq ans. Ce qui ne l’empêche pas d’écrire de la poésie, ni de réfléchir à ce qu’est l’Europe, donc les territoires et les peuples qu’elle assujettit.

La revue littéraire et politique "Réclame" publiée par le Parti communiste dont il est membre, édite la plaquette d’une cinquantaine de pages écrites au vitriol. L’ambition de l’auteur est de s’interroger sur l’avenir de l’humanité, après l’horreur absolue qu’a été la Seconde guerre mondiale. 
Lecture du Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire.

Une analyse sans complaisance des errements de l’Europe


Le cri de colère de Césaire est étayé par le fait qu’il pose des problèmes suscités par le fonctionnement de la société occidentale, percluse du racisme qu’elle a inventé, dont le nazisme a été la forme suprême la plus abjecte.

"L’Europe est indéfendable" écrit-il pour signifier que plus rien ne peut justifier l’hégémonie du Vieux contient sur le monde. Que sa civilisation est désormais dépassée, qu’elle ne peut plus se considérer comme supérieure à d’autres civilisations.

La formation intellectuelle marxiste de Césaire l’amène à considérer la colonisation, un phénomène typiquement européen, comme un processus mortifère, tant pour le colonisé que pour le colonisateur. Cette soi-disant "œuvre civilisatrice" a pour effet de dégrader celui veut dominer l’autre en le prétendant inférieur à lui.
 

Un texte fondateur qui demeure actuel


Césaire est l’un des premiers auteurs à expliquer les méfaits du colonialisme sur leurs promoteurs. Son analyse va inspirer Frantz Fanon, psychiatre martiniquais et militant anticolonialiste algérien, dans "Peau noire, masques blancs" en 1952. Le sociologue franco-tunisien Albert Memmi prolonge cette réflexion dans "Portrait du colonisé" en 1957.

Bien entendu, "Discours sur le colonialisme" est le reflet de son époque. Certains faits relatés n’ont plus cours. Cependant, le fond de la pensée d’Aimé Césaire demeure valide, 70 ans plus tard. L’actualité récente nous
rappelle que la barbarie raciste demeure vivace, que le fascisme et son cousin le nazisme ne sont pas éradiqués, et que l’Europe ne peut plus être le modèle de société de l’humanité au 21e siècle.

Des vérités qui nous paraissent évidentes aujourd’hui, pourtant présentes depuis sept décennies dans cet essai à lire ou relire de toute urgence.