Dix ans après Février-2009, la Martinique nous appartient-elle vraiment ?

La grève grève de 2009 dans les rues de Fort-de-France en Martinique.
La crise de février 2009 est encore dans tous les esprits. Durant 38 jours, une inédite mobilisation populaire et syndicale a permis de révéler les limites du système dans lequel la Martinique vit.
 
« Matinik sé ta nou, Matinik sé pa ta yo ». Qui ne se souvient de ce slogan scandé en février 2009 ? La Martinique est à nous, elle n’est pas à eux. Eux : sous-entendus les acteurs de la pwofitasion. « Pwofitasion », un mot créole inventé par le LKP de Guadeloupe désignant les responsables de la cherté de la vie. Dix ans après, le pays nous appartient-il davantage ?

Primo, la vie est toujours aussi chère. Il en sera toujours ainsi. Ce n’est pas demain la veille que notre économie cessera d’être rythmée par l’arrivée de cargos porte-conteneurs remplis de presque tout ce que nous consommons. La nouveauté, c’est que nous savons désormais mesurer l’écart des prix des produits importés avec le reste de la France.
 

Une mobilisation populaire inattendue


Nous avons compris aussi que les prix des billets d’avion sont exorbitants. La continuité territoriale demeure une illusion. Nous avons aussi, concurrence oblige, que le prix des prestations des opérateurs de télécommunications sont injustifiés. Le service offert est loin d’être satisfaisant.

Deuxio, Février-2009 a été le moment d’une inattendue mobilisation pour la défense de notre dignité. Le carburant ? Les déclarations racistes d’un béké qui croyait bien dire en légitimant une forme d’apartheid social non avoué. Des propos assumés empreints d’une nostalgie de mauvais aloi ayant provoqué l’indignation générale.
 

De réels acquis sur le plan politique


Tertio, à l’issue des États généraux de l’outre-mer sous l’égide du président Nicolas Sarkozy, des avancées politiques ont été actées. Par exemple, la loi Lurel sur la fin des monopoles avec son bouclier qualité-prix. Les résultats de sa mise en œuvre sont mitigés. Il reste que le personnel politique parisien a pris conscience des inégalités persistantes dans nos territoires.

Et n’oublions pas l’avènement de la Collectivité Territoriale de Martinique, par fusion de la région et du département. Une réelle avancée démocratique, issue de longues discussions entre les élus et le gouvernement de François Fillon. Son fonctionnement suscite déception, certes, mais la CTM est un acquis.

Pourtant, les dynamiques à l’ouvre dans la société sont toujours présentes. Le désarroi des jeunes qui s’en vont par milliers tenter leur chance ailleurs, sans espoir de retour, s’aggrave. Le chômage élevé persiste, avec un adulte sur trois sans travail. La délinquance s’enkyste dans nos habitudes.
Dix ans après, le pays nous appartient-il vraiment ?