Ce matin (lundi 18 mai 2020) plusieurs membres du Collectif Citoyen du Sud manifestaient devant les portes de l'Espace Sud à Sainte-Luce. Un mouvement pour dénoncer les coupures d'eau incessantes mais aussi pour reprendre les revendications de fin 2019. Dans leur collimateur ODYSSI et la SME.
Ils étaient plutôt mécontents et surtout à bout ! Depuis le début du carême les coupures d'eau incessantes mènent la vie dure aux habitants du Sud (sans oublier ceux du Lamentin).
À Sainte-Luce et à Rivière Pilote certains quartiers n'ont pas d'eau depuis près de 3 semaines.
Alors, avec leur porte-voix, les membres du Collectif Citoyen du Sud, sont venus crier leur colère. Ils n'en peuvent plus de ces robinets secs. Dans leur collimateur, ODYSSI et la SME...Mais ce n'est pas leur unique revendication.
Né l'année dernière, le collectif exige une baisse significative des tarifs affichés sur les factures d'eau, un réseau correct afin de leur assurer une eau potable de qualité et une gestion unique de la production et de la distribution d'eau en Martinique. Il faut dire que le dossier est pour le moins compliqué.
Tout d'abord, ce sont désormais les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui ont la compétence de l'eau. C'est-à-dire que ce sont les communautés d'agglomérations (Cacem, Espace Sud, Cap Nord) qui organisent la distribution de l'eau potable sur leurs territoires respectifs.
Pour se faire plusieurs modes de gestion existent. Ceux-ci diffèrent selon la communauté d'agglomération compétente.
Odyssi a choisi d'être une régie. Ainsi elle décide et agit.
La SME, elle, est délégataire. C'est à dire qu'elle est prestataire de services pour le compte de Cap Nord (Trinité, Robert) et de la CAESM (Espace Sud) qui lui confient la production et l'acheminement de l'eau potable pour leurs habitants mais selon les règles que les communautés ont édictées.
Le captage principal d'Odyssi est La Durant (Saint-Joseph). Mais un autre captage est tout aussi important. Il s'agit de celui placé en amont de la Rivière Blanche.
Problème, la Rivière Blanche est aussi le point de captage d'eau principal de la SME. Sauf que la Société Martiniquaise des Eaux est en aval de la rivière. Parfois, la SME se retrouve donc avec un point de captage à sec. Elle doit donc à son tour acheter de l'eau à l'usine Vivé via la SMDS cette fois.
D'où l'intervention du préfet le 11 mai 2020 pour trouver un partage équitable de la ressource en eau fournie par la Rivière Blanche. Ce point serait donc réglé puisque les parties seraient d'accord pour un partage plus équitable. Mais cela ne règle pas le problème des coupures d'eau dans le sud et une partie du Centre. En effet, Odyssi n'a pas assez de ressource pour approvisionner tous ses clients en eau potable. Elle achète donc de l'eau à la SME.
Aujourd'hui, la SME vend à Odyssi de l'eau brute à 0,50 centime le mètre cube. Un prix hors taxes auquel il faut ajouter 3 taxes. Une perçue par l'Office de l'Eau, une autre par la CTM au titre de l'octroi de mer et bien sûr la TVA. Autant de taxes sur lesquelles la SME et Odyssi n'ont pas de prises.
Reste alors à comprendre pourquoi les tarifs de l'eau potable varient tant d'un opérateur à l'autre...Toujours est-il que, selon les derniers chiffres, le différentiel entre la consommation journalière d'eau par les clients de la SME et ceux d'Odyssi passe du simple au double. Les casses et fuites sur le réseau seraient l'explication. La SME nous indique ce matin, avoir réalisé pas moins de 700 réparations depuis mars 2020.
C'est dans ce contexte, que la CAESM a convoqué jeudi dernier (14 mai 2020) les représentants de la SME et d'Odyssi. 3 heures de réunion en catimini pour trouver un accord sur le partage de la ressource en eau en Martinique.
La SME s'est engagée à récupérer le maximum d'eau à Vivé, quand Odyssi a promis de ne pomper que 50% de l'eau de Rivière Blanche.
Pendant ce temps, la SME devrait livrer 2 500 mètres cubes d'eau brute par jour à la "chaîne bélème" (quartiers du Lamentin impactés par les pénuries d'eau). De plus, Odyssi devrait prochainement finaliser la pause d'un surpresseur au Lamentin, ce qui permettrait une alimentation plus fluide des habitants du sud.
Mais cet accord, désormais signé de toutes les parties, n'est pourtant qu'un engagement de principe.
Alors, le Collectif Citoyen du Sud prévient. Mercredi, c'est devant les portes de la SME qu'il ira manifester et il multipliera les actions tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites.
À Sainte-Luce et à Rivière Pilote certains quartiers n'ont pas d'eau depuis près de 3 semaines.
Alors, avec leur porte-voix, les membres du Collectif Citoyen du Sud, sont venus crier leur colère. Ils n'en peuvent plus de ces robinets secs. Dans leur collimateur, ODYSSI et la SME...Mais ce n'est pas leur unique revendication.
Né l'année dernière, le collectif exige une baisse significative des tarifs affichés sur les factures d'eau, un réseau correct afin de leur assurer une eau potable de qualité et une gestion unique de la production et de la distribution d'eau en Martinique. Il faut dire que le dossier est pour le moins compliqué.
Un mille feuille administratif
Tout d'abord, ce sont désormais les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui ont la compétence de l'eau. C'est-à-dire que ce sont les communautés d'agglomérations (Cacem, Espace Sud, Cap Nord) qui organisent la distribution de l'eau potable sur leurs territoires respectifs.
Pour se faire plusieurs modes de gestion existent. Ceux-ci diffèrent selon la communauté d'agglomération compétente.
Odyssi a choisi d'être une régie. Ainsi elle décide et agit.
La SME, elle, est délégataire. C'est à dire qu'elle est prestataire de services pour le compte de Cap Nord (Trinité, Robert) et de la CAESM (Espace Sud) qui lui confient la production et l'acheminement de l'eau potable pour leurs habitants mais selon les règles que les communautés ont édictées.
Pour comprendre les difficultés de ce dossier, il faut se pencher sur le problème des captages d'eau que doivent se partager les opérateurs.
Le captage de Rivière Blanche ou l'arbre qui cache la forêt
Le captage principal d'Odyssi est La Durant (Saint-Joseph). Mais un autre captage est tout aussi important. Il s'agit de celui placé en amont de la Rivière Blanche.
Problème, la Rivière Blanche est aussi le point de captage d'eau principal de la SME. Sauf que la Société Martiniquaise des Eaux est en aval de la rivière. Parfois, la SME se retrouve donc avec un point de captage à sec. Elle doit donc à son tour acheter de l'eau à l'usine Vivé via la SMDS cette fois.
D'où l'intervention du préfet le 11 mai 2020 pour trouver un partage équitable de la ressource en eau fournie par la Rivière Blanche. Ce point serait donc réglé puisque les parties seraient d'accord pour un partage plus équitable. Mais cela ne règle pas le problème des coupures d'eau dans le sud et une partie du Centre. En effet, Odyssi n'a pas assez de ressource pour approvisionner tous ses clients en eau potable. Elle achète donc de l'eau à la SME.
Le prix de l'eau acheté à la SME : un faux débat ?
Aujourd'hui, la SME vend à Odyssi de l'eau brute à 0,50 centime le mètre cube. Un prix hors taxes auquel il faut ajouter 3 taxes. Une perçue par l'Office de l'Eau, une autre par la CTM au titre de l'octroi de mer et bien sûr la TVA. Autant de taxes sur lesquelles la SME et Odyssi n'ont pas de prises.
Reste alors à comprendre pourquoi les tarifs de l'eau potable varient tant d'un opérateur à l'autre...Toujours est-il que, selon les derniers chiffres, le différentiel entre la consommation journalière d'eau par les clients de la SME et ceux d'Odyssi passe du simple au double. Les casses et fuites sur le réseau seraient l'explication. La SME nous indique ce matin, avoir réalisé pas moins de 700 réparations depuis mars 2020.
Vers une sortie de crise
C'est dans ce contexte, que la CAESM a convoqué jeudi dernier (14 mai 2020) les représentants de la SME et d'Odyssi. 3 heures de réunion en catimini pour trouver un accord sur le partage de la ressource en eau en Martinique.
La SME s'est engagée à récupérer le maximum d'eau à Vivé, quand Odyssi a promis de ne pomper que 50% de l'eau de Rivière Blanche.
Pendant ce temps, la SME devrait livrer 2 500 mètres cubes d'eau brute par jour à la "chaîne bélème" (quartiers du Lamentin impactés par les pénuries d'eau). De plus, Odyssi devrait prochainement finaliser la pause d'un surpresseur au Lamentin, ce qui permettrait une alimentation plus fluide des habitants du sud.
Mais cet accord, désormais signé de toutes les parties, n'est pourtant qu'un engagement de principe.
Alors, le Collectif Citoyen du Sud prévient. Mercredi, c'est devant les portes de la SME qu'il ira manifester et il multipliera les actions tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites.